Haïti: de la nourriture contre le pétrole vénézuélien

Haïti change de cap diplomatique : l'actuel gouvernement multiplie les déclarations d'amitié et de coopération avec le Venezuela alors que les Etats-Unis ont toujours été la puissance qui dominait les échanges politiques et économiques dans le pays. Après la visite, la semaine passée, de Nicolas Maduro à Port-au-Prince, le Premier ministre haïtien Laurent Lamothe a déclaré samedi 6 juillet vouloir la fin du néo-libéralisme en Haïti.

Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron

Depuis 2008, Haïti achète à crédit le pétrole du Venezuela au travers du programme Petrocaribe, entraînant une dette qui s'élève aujourd'hui à un milliard de dollars. Une somme que Caracas a décidé de ne pas réclamer.

En échange, Haïti va lui vendre à tarif préférentiel des denrées alimentaires. Un soutien inespéré à l'agriculture haïtienne selon le Premier ministre Laurent Lamothe qui veut rompre avec le libéralisme de ses prédécesseurs.

« Les gouvernements précédents ont appliqué une politique ultra-libérale, estime Laurent Lamothe. Ils ont cassé toutes les taxes, les tarifs douaniers et tous les produits ont envahi notre pays. Notre production nationale est tombée à zéro. » Pour le Premier ministre haïtien, la dette contractée auprès du Venezuela n'est pas un handicap mais une aubaine. Pour lui, la logique de Caracas est simple : « Ne payez pas cash, mais envoyez nous plutôt de la nourriture. »

Cet accord permettrait à Haïti de relancer son agriculture et donc de sortir de la misère. Tel est le discours du gouvernement. Mais arriver à produire suffisamment pour exporter est un défi immense : aujourd'hui l'insécurité alimentaire touche deux Haïtiens sur trois.

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