Où se trouve l’ancien consultant qui a révélé l’étendue de l’espionnage effectué par l’Agence nationale de sécurité sur les communications téléphoniques et sur internet , aujourd’hui accusé d’espionnage et considéré comme un traître par les Etats-Unis ? Mystère. Et sa fuite crée des tensions entre les Etats-Unis et les trois pays, la Russie, la Chine et l’Equateur, titre le New York Times. « Les espoirs d’une solution rapide se sont évanouis hier soir », écrit le journal. « Le refus de la Chine et de Hong Kong de coopérer est un sérieux revers porté aux relations avec notre pays », a déclaré le porte-parole de Barack Obama, Jay Carney . « Maintenant que Snowden se trouverait en Russie, le gouvernement de Vladimir Poutine est peu disposé à aider les Etats-Unis et doit se frotter les mains en observant la gêne de Washington », fait remarquer le Washington Post. Et le New York Times de titrer : « Le cas Snowden a des relents de guerre froide ».
Les Etats-Unis ont pourtant demandé à Moscou de leur livrer Edward Snowden
Le secrétaire d’Etat américain a demandé officiellement à la Russie d’extrader Edward Snowden, en mettant dans la balance le fait que les Etats-Unis leur avaient transféré au cours des deux dernières années sept prisonniers russes recherchés par les autorités. Ce qui n’est pas comparable, souligne le New York Times, puisque M. Snowden, lui, n’est pas détenu par le gouvernement russe.
« Je me demande si M. Snowden a choisi la Chine et la Russie pour l’assister dans sa fuite parce que ce sont des pays bien connus pour leur liberté sur internet », ont raillé les officiels américains. « Le choix de ses destinations montre clairement qu’il a voulu nuire à la sécurité nationale des Etats-Unis », a dit le secrétaire d’Etat américain John Kerry.
En tout cas, les informations sur la localisation exacte d’Edward Snowden sont encore contradictoires, souligne le Washington Post. Il n’était pas dans le vol Moscou-La Havane hier, et il n’est pas clair si la Russie est en train de négocier en secret avec les Etats-Unis ou en train de l’interroger avant de l’autoriser à partir.
Edward Snowden était censé rejoindre l’Equateur, qui étudie sa demande d’asile
Sur son compte Twitter, le président équatorien Rafael Correa a écrit que « cette semaine s’annonçait difficile ». Et sur la demande d’asile politique d’Edward Snowden, il « twitte » : « soyez sûrs que nous analyserons de manière très responsable son cas et que nous prendrons la décision la plus appropriée et de façon souveraine », rapporte le journal Expresso.
Selon le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, réfugié à l’ambassade d’Equateur à Londres, Edward Snowden serait à l’abri et aurait obtenu des papiers en qualité de réfugié fournis par l’Equateur. Cité dans le quotidien équatorien La Hora, Assange a déclaré que « tout le monde a le droit de demander l’asile ». « Snowden est sain et sauf, il est en chemin pour l’Equateur par un itinéraire sûr », a-t-il ajouté, cité dans El universo.com.
La presse cubaine commente largement le mystère Snowden
Le journal officiel Granma annonce une table ronde à 19h ce mardi à La Havane : « de la période du maccarthysme à la guerre froide jusqu’à ce qu’on appelle la guerre contre le terrorisme, de l’histoire des époux Rosenberg jusqu’aux révélations de Snowden, les Etats-Unis ont vécu soixante ans de conspiration et d’espionnage du pouvoir impérial », écrit Granma.
De son côté, le site d’information Cubadebate revient lui aussi sur l’histoire de l’espionnage américain. « C’est en 1960 qu’ont été révélées pour la première fois les activités d’espionnage sur les télécommunications internationales que réalisait l’Agence de sécurité nationale, la NSA, créée huit ans auparavant sur ordre secret du président des Etats-Unis, puis en 1977 c’est le programme de surveillance ECHELON qui s’étend avec la collaboration de quatre autre pays anglophones », rappelle le site en ligne qui explique de quelle façon les grandes entreprises de télécommunication et internet espionnent les consommateurs. Et le site de conclure : « Internet devrait être régi par le droit international et non pas par les lois américaines ».
Enfin, l’incapacité de l’administration Obama à avoir une quelconque influence sur la Chine, Hong Kong ou certains pays d’Amérique latine concernant le cas Snowden « semble montrer les limites de la puissance américaine dans le monde », conclut le New York Times.
Au Brésil, la présidente Dilma Roussef n’a pas réussi à calmer les manifestants
Des manifestations sont prévues dans les jours qui viennent. Le mouvement ne faiblit pas, malgré les promesses annoncées par Dilma Roussef. La présidente brésilienne a proposé un pacte national en cinq points, sur la responsabilité fiscale et le contrôle de l’inflation, la lutte contre la corruption, la santé, les transports et l’éducation, rapporte O Globo. Il s’agirait aussi de créer une assemblée constituante et de soumettre à référendum une réforme politique « dont le pays a tant besoin », a souligné Dilma Roussef. Une proposition qui ne fait pas l’unanimité, explique O Globo. Selon des ministres de la Cour suprême fédérale et des spécialistes en droit constitutionnel, ceci ouvrirait la voie à la refonte de toute la Constitution fédérale du pays. La proposition de Dilma Roussef revêt « un caractère autoritaire », selon l’ancien président brésilien Fernando Henrique Cardoso.
« Avec le soutien de la population, nous pourrons résoudre les problèmes », a rétorqué Dilma Roussef, citée dans Folha de Sao Paolo. « Le pays n’est plus gouverné seulement pour un tiers de la population », a-t-elle assuré. « Il est désormais gouverné pour tous les Brésiliens ».