Avec notre correspondant à Mexico, Patrice Gouy
Le canal interocéanique voulu par le président Daniel Ortega est un projet pharaonique, trois fois plus long que celui de Panama. Un investissement de 40 milliards de dollars, soit dix fois le produit intérieur brut (PIB) du pays.
Financé par un milliardaire chinois de Hong Kong, qui a fait fortune dans les télécoms et qui ne connait rigoureusement rien aux travaux publics, il aura en échange une concession d’exploitation de cinquante ans renouvelables. L’opposition, minoritaire à la Chambre, critique ce vote sans débat et s’inquiète des conséquences diplomatiques d’un tel projet géopolitique, qui devrait déplaire à Washington.
Mégalomanie ?
Mais surtout, l'opposition s’étonne de l’absence d’appel d’offre international et d’étude de faisabilité. Par exemple, comment les cargos de 45 mètres de tirants d’eau pourront-ils traverser le lac Nicaragua, qui n’a que 10 mètres de profondeur ? Quel sera l’impact de ce canal sur la plus importante réserve d’eau douce du pays ?
Le projet, créateur d’emplois, fait rêver tout le Nicaragua, mais parait irréaliste. Daniel Ortega, souvent critiqué pour son autoritarisme et sa corruption, pourrait bien être accusé de mégalomanie prochainement.