Au Brésil, Facebook accusé de censurer intégralement une page parodiant la présidente

Le réseau a effacé un post sur une accusation d’enrichissement illicite contre un leader de l’opposition, futur candidat à la présidentielle en 2014. Le texte avait été publié sur la page de l’humoriste Jeferson Monteiro, devenu une célébrité au Brésil grâce à sa parodie de la présidente Dilma Rousseff sur les réseaux sociaux. La décision a suscité la colère des internautes brésiliens, qui se sont mobilisés en bloc contre Facebook.

Avec 348 000 fans sur sa page Facebook et presque 110 000 abonnés sur Twitter, « Dilma Bolada », le personnage le plus populaire de la Toile brésilienne, créé par l’humoriste Jeferson Monteiro, a conquis tout le pays. Ce carioca de 23 ans, jusqu’alors méconnu, est devenu une célébrité grâce à ses parodies amusantes diffusées sur les réseaux, qui décrivent le quotidien de la présidente brésilienne, Dilma Rousseff. Ses blagues commencent toujours de la même façon : « Je suis belle, je suis une diva, je suis présidente », un style qui n’a rien à voir avec la personnalité plutôt austère de la chef d’Etat brésilienne.

Ce samedi 25 mai, l’humoriste reçoit un tweet d’un fan racontant que M. Aécio Neves, sénateur et président du PSDB, le principal parti d’opposition, de droite, avait été accusé d’enrichissement illicite. Après avoir vérifié l’information, il décide alors de publier un post amusant sur le sujet, profitant du fait que le sénateur est le principal rival politique de la présidente et candidat affiché à la prochaine présidentielle. En quelques minutes, la blague a fait le tour du Net avec plus de 1 300 « j’aime » et 600 partages sur Facebook. Mais trois heures plus tard, M. Monteiro se rend compte que le post a été effacé. Ses fans et abonnés ont demandé des explications, mais Facebook Brasil, consulté par la presse brésilienne, a préféré ne pas commenter la polémique.

« Facebook est un réseau social libre et possède ses propres règles, et c’est exactement pour ça que je prends mes précautions pour les respecter à la lettre. Pour moi, il n’y a pas d’atteinte à la vie privée, au contraire. Mon post était l’exemple typique de la liberté d’expression qui existe dans notre pays, où jadis, dans d’autres temps plus difficiles, la population était opprimée », a écrit M Monteiro, en allusion à la dictature au Brésil, qui a duré de 1964 à 1985.

Des querelles politiques

Au quotidien O Globo, l’humoriste a raconté qu’il se sentait persécuté par les militants du PSDB, qui l’accusent d’être payé par le PT (Parti des travailleurs), de Dilma Rousseff et de l’ex-président Lula. Le président de la jeunesse du PSDB, Paulo Mathias, a nié l’accusation, mais a rappelé que l’humoriste « ne devrait pas utiliser Facebook pour diffuser des calomnies ».

Déçu, Jefferson Monteiro a même envisagé d’abandonner son personnage, ce qui a suscité une vraie commotion sur Internet et les réseaux sociaux. Des centaines de messages d’indignation et de soutien ont été publiés sur Twitter, Facebook et plusieurs blogs politiques. La presse s’est aussi emparée du sujet, faisant écho à la campagne 2.0 qui a mobilisé Internet contre la censure sur le réseau.

La pression a été telle que Facebook a fait un pas en arrière et a décidé de libérer la publication du post ce mercredi. Dans un communiqué diffusé par la presse, l’entreprise de Mark Zuckerberg explique que le contenu a été effacé « par erreur », et c’était la faute des « systèmes automatiques, élaborés pour assurer  la sécurité des utilisateurs ». Le réseau s’excuse « pour la gêne occasionnée ». Fête pour Dilma Bolada, qui a remercié le soutien des fans avec un autre post sur Facebook, où elle célèbre « un jour historique pour l’Internet brésilien » et une bataille gagnée pour la liberté d’expression.

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