Lundi 22 avril, un juge s’est rendu à l’hôpital où est soigné Djokhar Tsarnaev pour lui signifier officiellement son inculpation suite au double attentat du marathon de Boston.
Le jeune homme, de nationalité américaine, ne sera donc pas jugé par un tribunal d'exception mais devant la justice fédérale, contrairement au souhait exprimé par un groupe de républicains, John McCain en tête. Il ne sera pas non plus considéré comme un « ennemi combattant ». C'est ainsi que les Américains avaient désigné, après les attentats du 11-Septembre, les personnes arrêtées en Afghanistan ou dans d'autres pays, puis transférées à Guantanamo.
Le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, justifie la décision de la Maison Blanche en rappelant que des centaines de terroristes ont déjà été jugés par des tribunaux civils. Il a mentionné quelques cas célèbres.
« Le terroriste de Time Square, le Pakistanais Faisal Shahzad, a plaidé coupable et a été condamné à la prison à vie. Abdulmutallab, le terroriste dit "au caleçon piégé", a été condamné à la perpétuité (…) et nous avons obtenu des informations de valeur d’un Somalien étroitement lié à al-Qaïda dans la péninsule arabique, lui aussi entre les mains de la justice fédérale. C’est donc la bonne façon de procéder. De plus, quand il s’agit d’un citoyen américain, c’est contre la loi de le traduire devant un tribunal militaire. »
Interdit de garder le silence
Le ministère de la Justice a annoncé que le principal suspect des attentats de Boston a été inculpé pour utilisation d'armes de destruction massive ayant entraîné la mort, et qu'il pourrait encourir la peine de mort s'il était déclaré coupable. Le Massachusetts n'applique pas la peine capitale, mais pour les crimes de terrorisme, la peine de mort peut être prononcée par l'État fédéral.
Plusieurs organisations de défense des droits civils, comme ACLU ou le Centre pour les droits constitutionnels, s'inquiètent du fait que les droits du détenu ne lui ont toujours pas été lus par les agents du FBI qui l'interrogent. Ce droit, appelé le droit Miranda, date de 1966 et implique que lors de l'arrestation d'une personne, les officiers lui signifient son droit de garder le silence et de faire appel à un avocat. Or, pour l'instant, ce droit lui a été refusé.
Il existe une exception si le suspect présente une menace immédiate pour la sécurité, mais les officiers ont reconnu que ce n'était pas le cas, Djokhar Tsarnaev étant hospitalisé et gravement blessé. Ce refus pourrait entraver la procédure d'inculpation. La première audience a été fixée au 30 mai prochain.
Tamerlan aurait supervisé les attentats
Selon John Miller, un ancien haut responsable du FBI qui travaille maintenant pour CBS, les autorités veulent maintenant savoir en priorité où les deux frères ont fabriqué leurs bombes, s'il existe des explosifs ailleurs et si d'autres personnes ont été impliquées dans le double attentat.
Le suspect a commencé à répondre aux questions des enquêteurs soit par écrit, soit en hochant la tête pour répondre par « oui » ou par « non ». Selon ABC, citant ceux qui interrogent Djokhar Tsarnaev, les deux frères n’auraient pas eu de liens avec des organisations terroristes internationales et auraient agi seuls, peut-être par ressentiment contre la société américaine ou contre son gouvernement.
Selon CNN, le seul suspect survivant aurait accusé son frère de 26 ans, Tamerlan, tué vendredi, d'avoir dirigé les opérations. Les attentats de Boston ont fait trois morts et 200 blessés.