Avec notre correspondant au Mexique, Patrice Gouy
Le festival français d’Acapulco est né il y a dix ans, déjà, avec l’idée de développer les relations culturelles entre le Mexique et la France à travers le cinéma, la gastronomie, la mode et la musique.
Dix ans après, cette idée a fait son chemin et le festival s’est consolidé. Malgré les changements politiques de gouverneur de l’Etat et du maire, ce festival est devenu une institution. Les habitants d’Acapulco l’ont intégré comme l’un des grands événements de la ville, au même titre que l’Open de tennis ou les championnats internationaux de golf.
Cette année, le festival a pour thème la restauration architecturale et sociale de l’Acapulco traditionnel, qui est la partie ancienne de la ville, où se trouvent les maisons et les hôtels de la jet-set qui a lancé cette station balnéaire dans les années 1960.
Redynamiser une ville touchée par l'insécurité
Mais Acapulco est une ville qui est très violente. Et l’on peut s’interroger sur le fait de parler de gastronomie et de mode, lorsque les habitants s’affrontent aux cartels de la drogue.
Mais si Acapulco est en difficulté, elle reste sans aucun doute une des stations balnéaires les plus connues du monde. Aujourd’hui, elle se réinvente à travers un plan de récupération ambitieux qui passe par des grands travaux, comme la construction d’un second tunnel pour relier le vieil Acapulco à celui, ultra moderne, des grands hôtels internationaux.
Il y a une révolution dans les transports publics, avec la création de l’Acabus, des transports en commun modernes qui élimineront les vieux autobus poussifs, fumeux et déglingués.
Le festival français s’inscrit tout à fait dans cette nouvelle dynamique. Il participe au développement touristique, avec ses rencontres gastronomiques, des cours de cuisine, un défilé de mode. Acapulco est jumelée avec la ville de Cannes, et offrira aux 10 000 festivaliers un spectacle des Plages électroniques, avec la présence de Yelle, la DJ favorite du public electro pop. Un spectacle qui sera identique a celui qui sera présenté cet été sur la Côte d’Azur.
Un Forum social pour promouvoir les bonnes pratiques
Un Forum social, avec des experts français et mexicains, sera également organisé. Les discussions autour des tables rondes seront multiples et variées. Elles porteront sur ce que fait la municipalité pour « récupérer » certains quartiers où le tissu social est défait.
Il y a notamment un projet particulièrement intéressant, dans le quartier conflictuel de Ciudad Renacimiento. Le musicien Amilcar Montejo a formé un orchestre de jeunes gens âgés de 10 à 18 ans. Depuis trois ans, 320 enfants apprennent la musique et pratiquent un instrument classique. Il y a également 90 enfants qui apprennent le chant et font partie du chœur. Cela marche très bien.
A Noël, par exemple, ils ont accompagné le chanteur d’opéra Placido Domingo lors d’un immense concert sur la plage. Cette expérience musicale, qui demande de la rigueur et de la discipline, change totalement la réalité de ces enfants. Ils jouent du Mozart ou de la zarzuéla (opéra comique espagnol, ndlr), en dépit d’un environnement peu favorable, violent et dans une grande mesure contrôlé par les mafias et la grande délinquance.