Pour les trois personnes à l’origine de cette pétition, il est inconcevable que le cardinal Francisco Javier Errazuriz puisse élire le futur pape. Elles mettent en doute « la qualité morale » de ce « complice de prêtres pédophiles ». Elles affirment aussi, dans la lettre, que « si nous permettons que des complices d’abus sexuels élisent le souverain pontife, nous créerons, structurellement, une église violatrice de droits ».
Les auteurs de la pétition prennent l’exemple du cardinal britannique, Keith O’Brian, qui a lui décidé de ne pas assister au conclave en raison d’un comportement sexuel qu’il a lui-même jugé «inapproprié ».
Un succès relatif de la pétition
La pétition a recueilli près de 7 000 signatures en 5 jours. C’est beaucoup, dans un sens, pour un pays comme le Chili, catholique à 70 %. Mais pour l’un des auteurs de cette pétition, José Andres Murillo : 7 000 signataires, c’est peu.
Jose Andres Murillo, est le président d’une association de lutte contre les abus sexuels qui s’appelle « Pour la confiance », il estime que les catholiques devraient signer la pétition pour avoir des représentants dignes de confiance, pas comme le cardinal Errazuriz : « Je pense qu'il a des preuves très claires. Et qu'il savait depuis le début des années 2000 et qu'il n'a rien fait jusqu'en 2010. Il a même empêché une procédure canonique d'investigation. Il avait la responsabilité de lancer les investigations. C'est considéré comme une sorte de complicité. »
Un impact fort dans les médias chiliens
Le cardinal Errazuriz s’est exprimé plusieurs fois à la télévision chilienne, et même de Rome. Il réitère n’avoir été au courant de rien. Et il doit bien se défendre car cette pétition n’est pas le seul catalyseur du mécontentement à son égard.
Sur Youtube, on trouve la plupart des interviews données à la presse ces derniers jours par l’une des victimes du père Karadima, Juan Carlos Cruz, pour ne citer que lui.
Une plainte a été déposée contre le cardinal
Les victimes du père Karadima accusent donc le cardinal Errazuriz de l’avoir protégé. D'ailleurs, ils ont, non seulement écrit la pétition, mais aussi porté plainte contre le cardinal Errazuriz auprès d’un tribunal civil.
La nouvelle a été annoncée mardi 11 mars par le juge qui refusait d’auditionner le cardinal Errazuriz. Il demande aux plaignants de s’adresser directement au Vatican.
En effet, les victimes des abus sexuels du père Karadima ont porté plainte contre l’archevêché de Santiago auprès d’un tribunal civil, car en 2011, le père Karadima n’a été condamné à aucune peine de prison. Les faits qui lui étaient reprochés étaient prescrits par la justice pénale chilienne.
Cela n’avait pas empêché le Vatican de le reconnaître coupable d’abus sexuels, et de le condamner à se retirer dans un couvent. Mais pour les victimes de ce prêtre, une chose est sûre ; aujourd’hui , la place du cardinal Errazuriz n’est pas au conclave à Rome, mais derrière les barreaux.