Venezuela: le président par intérim continuera la politique du «Comandante»

Au Venezuela, les obsèques du président Hugo Chavez sont terminées, marquées par le discours du nouveau président de la République par intérim qui veut continuer l’œuvre politique du « Comandante ». Il a annoncé l'organisation prochaine d'un scrutin présidentiel. La commission électorale doit se réunir dès ce samedi 9 mars alors que l'opposition dénonce un coup de force anticonstitutionnel.

Avec notre correspondant à Caracas, Pierre-Philippe Berson

L’Amérique latine dans son ensemble a rendu hommage à Hugo Chavez. Aux côtés des deux invités les plus sulfureux de la cérémonie, le président de Biélorussie Alexander Loukachenko et l’Iranien Mahmoud Ahmadinejad, presque tous les chefs d’Etat du continent étaient présents pour cet ultime hommage au « Comandante ».

Après une messe donnée dans l’Académie militaire, ces obsèques se sont conclues par un vibrant hommage de Nicolas Maduro, président de la République par intérim, à Hugo Chavez, son mentor, son modèle. Avec des envolées mystiques, il s’est engagé à continuer la politique et la lutte d’Hugo Chavez : « Sachez Comandante, que tous vos hommes sont là, debout. Tous vos hommes et vos femmes sont présents avec une loyauté absolue. Comme nous vous l’avons juré ! Une loyauté qui ira bien au delà de votre mort. »

Nicolas Maduro est aujourd'hui le nouveau président de la République du Venezuela. Il a rapidement appelé à une nouvelle élection présidentielle dans les 30 jours, à laquelle il sera probablement candidat.

Une situation anticonstitutionnelle pour l'opposition

Une double casquette que l'opposition estime anticonstitutionnelle. En apparence, la Constitution est claire. Si un président meurt au début de mandat, c’est le président de l’Assemblée nationale qui assure l’intérim. En revanche, si le décès survient dans les deux dernières années, c’est le vice-président qui hérite de la fonction suprême. Mais tout se complique lorsque le président meurt à cheval entre deux mandats, comme cela vient d’être le cas pour Hugo Chavez qui s’est éteint après sa réélection du 7 octobre, mais avant d’avoir prêté serment.

A qui revenait alors le privilège de le remplacer à la tête du pays ? A Diosdado Cabello qui dirige le Parlement ou à Nicolas Maduro, le numéro 2 du régime ? Le Tribunal suprême de justice a tranché : il l'a accordé à Nicolas Maduro. Son challenger de l’opposition, Henrique Capriles dénonce ce double statut « président et candidat » et crie au tour de force constitutionnel.

La majorité chaviste se justifie en estimant qu’Hugo Chavez avait prêté serment pour la dernière fois en 2007, et que son décès coïncide donc avec la fin de son mandat. Par conséquent, Nicolas Maduro a bien le droit de porter l’écharpe présidentielle. Cet argumentaire masque une partie de la réalité et tord effrontément la Constitution vénézuélienne.

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