Le tract fleurit sur les murs de la ville de Ciudad Victoria, capitale du Tamaulipas, depuis déjà plusieurs semaines. Il appel à communiquer à un certain numéro toutes les informations susceptibles de localiser l'administrateur de la page Facebook « Valor por Tamaulipas » (Courage pour le Tamaulipas). Une page créée en janvier 2012, et qui s’est donnée comme mission de dénoncer la criminalité dans la région.
« Valor por Tamaulipas », suivi par près de 164 000 personnes, regroupe des informations principalement sur les activités des cartels liés à la drogue. On peut y trouver les lieux des derniers affrontements armés, des kidnappings. Y est dénoncée aussi la collusion entre les forces de police et les groupes criminels. Des écrits qui valent à son auteur des menaces. Plus de 30 000 euros sont offerts à toute personne qui permettra de retrouver l’auteur de ses messages.
Une criminalité grandissante
Mais l'auteur anonyme reste soutenu par de nombreux internautes mexicains, agacés par la violence qui gangrène leur pays. En effet, si certaines villes mexicaines connaissent une accalmie, c’est loin d’être le cas pour tout le pays. Depuis 2006, près de 70 000 personnes ont été tuées dans la guerre contre la drogue.
Ciudad Juarez, longtemps considérée comme la ville la plus dangereuse du monde, semble avoir regagné en tranquillité après que le puissant cartel de Sinaloa ait définitivement chassé son principal concurrent. En revanche, d’autres Etats sont désormais sous le joug de la violence de ces groupes armés, comme c’est le cas pour la zone d’Acapulco. Ce haut lieu touristique mexicain est devenu le nouveau terrain de jeu des malfrats.
Des informateurs en danger
Les personnes qui tentent d’alerter sur la situation sont particulièrement visées par les cartels. Depuis 2000, 82 journalistes ont été tués et 18 autres sont portés disparus. Dans l’Etat du Tamaulipas, une mère de famille a été retrouvée décapitée en 2011. Elle aurait été éliminée pour avoir dénoncé sur la toile l’activité des cartels.
Des menaces qui ne découragent pas l’administrateur de « Valor por Tamaulipas ». Il a d’ailleurs créé deux autres pages dans la continuité de sa mission : pour réunir des informations sur les disparus et kidnappés et appeler à la responsabilité citoyenne afin de dénoncer la pression des narcotrafiquants.