De notre correspondant à Washington, Pierre-Yves Dugua
Maurice Taylor, patron de l'entreprise de pneus agricoles, Titan International, est outré que le ministre français du Redressement productif ait publié la lettre confidentielle dans laquelle il expliquait d'un ton cinglant qu'il n'investirait pas dans une usine en faillite à Amiens où « un syndicat communiste d'ouvriers qui ne travaillent pas la moitié du temps fait la loi ».
La réponse du ministre français à Maurice Taylor mardi 19 février voulait donner une leçon à l'industriel américain sur l'économie et l'histoire de France. Mais le ton monte à nouveau d'un cran, car la réplique que lui apporte le patron de l'entreprise de pneus, se veut riposter entre autres aux accusations du ministre sur son ignorance du rôle de Lafayette pour l'indépendance des Etats-Unis.
Maurice Taylor n’aime pas plus les responsables politiques américains que français. Cet ancien candidat à l’investiture républicaine en 1996, voit en eux, « des menteurs et des gaspilleurs ». En 2010, Maurice Taylor s’est offert des pages entières dans le grand quotidien USA Today, pour dénoncer ce qu’il jugeait être l’incompétence de Barack Obama et des démocrates.
Pour autant, cet homme de 68 ans est un vrai industriel, et non pas un investisseur financier. Son salaire est modeste, au regard de ceux du grand patron américain moyen. Son opinion en matière de reprise d’usines n’est pas à négliger, car il a construit son entreprise à partir du rachat de multiples usines de pneus en faillite, dans le monde entier.
Dans sa réplique au ministre français, Maurice Taylor révèle devoir son prénom à l’admiration de sa mère pour Maurice Chevalier. Il dit admirer les femmes et le vin français, et rappelle qu’en visitant les plages de Normandie il a vu ce que l’Amérique avait fait pour la France.
Il renouvelle en outre ses accusations. A ses yeux, Arnaud Montebourg n’a rien fait pour sauver l’usine Goodyear d’Amiens et il « a laissé les fous d’un syndicat communiste y détruire des emplois bien rémunérés ».