Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron
Trente personnes ont porté plainte contre Jean-Claude Duvalier. Elles réclament justice pour les années passées emprisonnées à Fort-Dimanche, la prison politique du régime, pour les tortures, les assassinats. Mais Danièle Magloire, la porte-parole du collectif des victimes, dénonce la volonté du pouvoir actuel de clore le dossier :
« C’est une politique de négationnisme, qu’on est en train de banaliser la dictature, des faits qui se sont passés. C’est compliqué parce qu’au fait, c’est un manque de volonté politique. Juridiquement, on sait très bien que la question des crimes contre l’humanité, a été bien documentée sur Duvalier, que ce soit au niveau national ou international. Politiquement, le régime actuel ne veut pas d’un procès Duvalier. Si on observe la composition dans les instances étatiques, on voit que beaucoup de duvaliéristes ont été rappelés, le fils de Jean-Claude Duvalier dans le cabinet présidentiel, par exemple. Donc c’est vraiment ce négationnisme là qui est terrible. Pour pouvoir l’appuyer, il faut qu’il y ait le déni de justice ».
Les victimes appréhendent l'audience de ce 7 février car la date est symbolique : c'est le 7 février 1986 que le duvaliérisme a pris fin avec le départ en exil de Jean-Claude Duvalier.