De notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet
La société Engility Holdings, basée en Virginie, est un sous-traitant du Pentagone. Elle vient de payer un peu plus de 5 millions de dollars à d’anciens prisonniers détenus entre 2003 et 2007 dans des prisons irakiennes dont Abou Ghraïb, à la sinistre réputation. Les plaignants avaient accusé L-3 Services, un affilié d’Engility, de les avoir torturés.
La compagnie fournissait des traducteurs à l’armée américaine et avait décroché un contrat de 450 millions de dollars par an. Mais elle permettait par ailleurs à son personnel de participer aux interrogatoires musclés des suspects. Certains se sont plaints d’avoir été soumis à de fausses exécutions, d’avoir été battus, d’avoir été forcés à rester nus pendant de longues périodes, et même dans certains cas d’avoir été violés.
Une enquête militaire menée en 2004 avait découvert 44 cas de sévices contre les prisonniers, mais L-3 Services avait continué de travailler pour l’armée. La publication de photos montrant le mauvais traitement infligé aux détenus avait fait scandale sous George W. Bush et plusieurs organisations avaient demandé la démission de Donald Rumsfeld, alors secrétaire à la Défense.
C’est la première fois que des détenus d’Abou Ghraïb sont indemnisés pour avoir été mal traités. Un autre sous-traitant du Pentagone, CACI, dont le procès s’ouvrira cet été pour les mêmes raisons, pourrait lui aussi devoir verser une compensation à d’anciens prisonniers irakiens.