Argentine: ouverture du procès sur les «vols de la mort»

Un nouveau grand procès des crimes de la dictature s’ouvre ce mercredi à Buenos Aires. Celui des « vols de la mort », méthode particulièrement cruelle par laquelle les militaires ont fait disparaître des milliers d’opposants ou supposés tels dans les années soixante-dix.

Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet

Ils sont soixante-huit anciens chefs militaires qui seront jugés, à partir de ce mercredi 28 novembre, pour l’assassinat de 789 personnes parmi les quelque 5 000 qui ont été détenues dans l’école de mécanique de la Marine.

Il y aura là l’ex-capitaine Alfredo Astiz, déjà condamné à perpétuité pour sa responsabilité dans la disparition des deux religieuses francaises Léonie Duquet et Alice Domon.

Les crimes dont ils auront à répondre sont peut-être les plus horribles qui aient été commis sous la dictature. Les « vols de la mort », par lesquels on a voulu faire disparaître des milliers de détenus qui étaient jetés vivants, après avoir été drogués et attachés, dans les eaux de l’océan Atlantique, du Río de la Plata ou du delta du Paraná.

Mais des témoins ont vu la ronde des avions et des hélicoptères. D’autres, ont recueilli des cadavres que les vagues ramenaient à la côte. D’autres enfin, très peu nombreux, ont vu leurs camarades être embarqués et ont survécu à l’enfer de l’école de mécanique de la Marine.

« C’est le premier procès où seront étudiés et débattus les crimes commis durant ce qu’on appelle "les vols de la mort ", affirme Guillermo Friele, procureur général du procès. On a collecté suffisamment de documents et de preuves contre un certain nombre d’accusés. Le plus connu d’entre eux est le capitaine Alfredo Astiz, il était l’emblème de la torture et des enlèvements. Il y a également des médecins qui exerçaient à l’intérieur de l’école mécanique de l’armée (ESMA). Ils faisaient accoucher les femmes enceintes, injectaient des piqures létales et droguaient ceux qui devaient être embarqués dans les vols de la mort. »

Combien, parmi les milliers de disparus, ont été victimes des vols de la mort ? On ne le saura sans doute pas. Depuis que les crimes de la dictature sont jugés, les anciens militaires n’ont jamais parlé. Mais au moins, pour les 789 victimes dont les cas seront examinés, justice sera faite.

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