Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet
Certains mettent en avant l’insécurité, d’autres l’inflation ou le contrôle des changes. Beaucoup dénoncent la corruption. Mais ce qui unit ces foules tranquilles, où l’on voit beaucoup de jeunes, c’est un même rejet de l’autoritarisme du pouvoir, comme le dit Juan, un assureur qui est venu manifester à la sortie de son travail : « Nous voulons que le gouvernement change certaines choses, clame-t-il. Qu’il s’occupe enfin de l’insécurité, qu’il cesse de faire pression sur la justice, que le Parlement ne vote pas tout ce que lui demande la présidente. Dans une démocratie, si une seule personne décide de tout, ce n’est pas démocratique ! ».
Sur de nombreuses pancartes on peut lire « non à la réélection », en référence à un projet de réforme de la Constitution de certains courants de la majorité péroniste qui permettrait à Cristina Kirchner de briguer un troisième mandat en 2015. La présidente ne lui a jamais donné son aval. Mais on l’a soupçonnée d’attendre son heure.
C’est le ras-le-bol des classes moyennes, qui représentent plus de 60 % des Argentins, qui s’est affiché dans la rue, et un avertissement sérieux pour le pouvoir. Mais le mouvement n’a pas de traduction politique et l’opposition est divisée. Avertissement sans lendemain donc, à moins que les opposants s’entendent sur une plateforme unique pour les législatives de l’an prochain.