Propos recueillis par notre envoyé spécial à Cincinnati
Pourquoi était-ce important pour vous de rejoindre Barack Obama à son dernier meeting de campagne ?
Parce que je veux qu’il gagne. Et si je peux être l’une de ces voix qui encourage les gens à faire leur devoir en allant dans la bonne direction… Nous devons aller de l’avant. Nous ne pouvons pas nous permettre de revenir en arrière, de revenir à des idéologies qui n’ont pas marché, à une politique qui n’a pas marché. A l’évidence, il y a des choses qui vont mettre des années à se produire avant qu’un président puisse nous sortir de là où nous sommes.
A Cincinnati, vous avez dit aux jeunes : « Ne restez pas à la maison et allez voter car il y a trop de haine, trop de négativité dans l’autre camp », qu’entendiez-vous par là ?
Je voulais dire que l’extrême droite a le sentiment que sa voie est la seule et que les autres ne sont pas les bonnes. Certains commentateurs, de même que certains politiciens, m’ont beaucoup déçu en répandant un message de haine. Pour moi, cela n’a rien à voir avec tenter de réunir le peuple américain. C’est inacceptable.
Donc c’est important pour vous que les jeunes aillent voter. Les jeunes ont tendance à aimer Obama mais on n’est pas sûr qu’ils vont réellement se déplacer pour aller voter. C’est ça, votre motif d’inquiétude ?
Je crois qu’ils vont aller voter. Beaucoup de jeunes ont voté la dernière fois. Mais à mon avis, il y a des voix qui essaient de créer des divisions, qui essaient d’instiller la haine. Il y a des hommes très en colère, des hommes qui ont pourtant la cinquantaine mais qui disent des choses complètement folles, comme s’ils avaient peur.
Vous avez aussi un message pour les femmes. A l’évidence, vous ne croyez pas que Mitt Romney soit le bon candidat pour les femmes aux Etats-Unis…
Je crois que c’est très simple : si tout était inversé et que les femmes étaient celles qui prennent les décisions sur la manière dont nous pouvons [nous les hommes] disposer de notre corps, est-ce que cela nous plairait ? Est-ce que cela vous plairait ? Sans doute pas. Pourquoi les hommes devraient-ils contrôler ce que les femmes peuvent faire de leur corps ? Elles devraient avoir le droit de décider par elles-mêmes.
Pour que nos lecteurs comprennent : vous parlez de l’avortement…
Je parle des soins médicaux, un point c’est tout.
Vous avez aussi parlé de l’ouragan Sandy. Vous avez déclaré : « Cela devrait nous servir de sonnette d’alarme ». Qu’est-ce que vous vouliez dire, dans le contexte de cette élection présidentielle ?
J’ai eu la plaisir d’assister aux trois débats [entre Barack Obama et Mitt Romney]. Je sais que l’un des principaux enjeux concerne les emplois et tout ce tralala. Ou les impôts sur ceux qui possèdent le plus contre les impôts de ceux qui possèdent moins… Je sais que beaucoup de gens se disent "mais pourquoi devrais-je aller voter ?". Ce que je dis aux gens qui s’accrochent à leurs biens ou à leurs valeurs, c'est qu'il suffit d’un tremblement de terre ou d’un ouragan pour qu'en moins de trois minutes, tout cela soit changé d’un seul coup.
Il ne s’agit donc pas de donner de la valeur à tout ce que nous possédons de façon matérielle, mais plutôt de donner de la valeur à nos esprits, à la façon dont nous pouvons nous réunir tous ensemble. Ce qui fait la force de l’unité, c’est justement le fait de réunir les gens dans les périodes de destruction et de souffrance. C’est précisément cette chose-là qui devrait réunir les gens, de façon à ce que nous puissions tous dire : "Ecoutez, je veux que chaque enfant de ce pays bénéficie d’une bonne éducation, je veux que chaque Américain puisse bénéficier d’une assurance-santé, je veux que nous fassions tout notre possible pour qu’il y ait des débouchés et du travail dans ce pays, et qu’il y ait plus d’engagement pour arranger les choses ici même."