Présidentielle américaine: la bataille des spots télévisés

Les spots télévisés ont été omniprésents dans la campagne présidentielle américaine ces derniers mois. Des spots au ton parfois très dur, presque violent contre les candidats. Le changement de règles les régissant, opéré en 2010, se ressent dans le nombre de spots diffusés cette année, ainsi que dans leur ton.

De notre correspondant à Washington,

C’est dans les swing states, ces Etats clés dans l’élection américaine, que le changement de règles concernant les spots télévisés se ressent particulièrement. Ainsi, dans l’Ohio, vers lequel tous les yeux sont tournés, 42 827 spots télévisés avaient été diffusés entre avril et septembre 2008. Cette année, le Campaign Media Analysis Group, qui analyse les campagnes dans les médias, a dénombré près de 51 000 spots pour les républicains et 64 000 pour les démocrates, soit un total de 114 840 spots télévisés diffusés. Une augmentation de 250% par rapport à il y a quatre ans.

La puissance des super PACs

Deux raisons expliquent cette explosion du nombre de clips. La première : aucun des deux candidats n’a opté pour le système de financement public de sa campagne, contrairement à ce qu’avait fait John McCain en 2008. Mitt Romney et Barack Obama étaient donc libres de lever et de dépenser autant d’argent qu’ils le souhaitaient. La seconde : l’arrivée des super PACs (Political Action Comittee, Comités d’action politique). Ces organismes, autorisés par la Cour suprême en 2010, n’ont pas de lien officiel avec les candidats, mais ils peuvent financer autant de publicités qu’ils le souhaitent pour soutenir leur favori et surtout pour attaquer l’autre.

Ces groupes de pression se rendent coup pour coup, par vidéos interposées. Côté républicain, un spot diffusé cette semaine en Pennsylvanie montre des images en noir et blanc sur fond de musique dramatique. Une voix masculine explique qu’avec Barack Obama, la « nouvelle norme » est de penser qu’un pays avec 8% de chômeurs est un pays qui va bien.

Les démocrates ne sont pas en reste, comme en témoigne un autre clip, financé par le principal super PAC pro-Obama. Une femme présentée comme électrice du Massachusetts évoque le candidat républicain pour lequel elle a voté lorsqu’il se présentait au poste de gouverneur de cet Etat de la côte est du pays. « Le gouverneur Romney promettait de créer des emplois, mais à la fin de son mandat, nous étions au 47e rang en termes de créations d’emplois », affirme-t-elle.

Coup pour coup

A l’instar des super PACs, les équipes de campagne des deux candidats ont également financé de nombreux spots. Quelques jours après un meeting à New York lors duquel Barack Obama avait chanté quelques notes de « Let’s Get Together » d’Al Green, Mitt Romney avait à son tour poussé la chansonnette en entonnant quelques mesures de « America the Beautiful », un grand classique américain.

Mais le candidat républicain n’a pas la chance de posséder la même oreille musicale que son adversaire. Un « handicap » que l’équipe de campagne du président sortant s’est empressée d’exploiter, avec une vidéo qui montre des usines désaffectées, des bureaux déserts et des phrases qui apparaissent à l’écran : « En tant que chef d’entreprise, Mitt Romney a délocalisé des emplois au Mexique et en Chine » ; « En tant que gouverneur, Mitt Romney a délocalisé des emplois en Inde ». Le spot se conclut sous forme de sentence : « Mitt Romney n’est pas la solution. Il est le problème. »

Du côté de Mitt Romney, on attaque essentiellement Barack Obama sur son bilan. Un clip diffusé nationalement ces dernières semaines met en scène un homme aux cheveux blancs qui assure avoir voté pour Barack Obama il y a quatre ans « sans hésiter ». Une femme ajoute : « Il se présentait comme différent. » Une autre : « J’espérais que le nouveau président apporterait de nouveaux emplois, pas des plans massifs de licenciements. »

« Big Bird », bouc-émissaire de la crise

Mais il y a aussi des spots plus légers, plus drôles, même s’ils ne sont pas forcément moins agressifs dans le fond, comme celui où Mitt Romney accuse un personnage de série télévisée d'être responsable de la crise économique et financière. Ce personnage, « Big Bird », est l’un des héros de la série « Sesame Street », diffusée depuis les années 70 sur la chaîne publique PBS. Lors de la campagne pour la primaire républicaine, puis lors d’un débat télévisé avec Barack Obama, Mitt Romney a promis de réduire les dépenses publiques, notamment en supprimant justement la subvention de l’Etat fédéral à PBS. Une promesse qui a inspiré cette vidéo à l’équipe Obama.

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