Election présidentielle américaine: Mitt Romney tente d’inverser la tendance

Le candidat républicain est en déplacement dans l’Ohio, un Etat décisif pour espérer l'emporter dans la course à la Maison Blanche. Mitt Romney est accompagné de son colistier Paul Ryan. Les deux hommes vont tenter d'inverser la tendance après une semaine calamiteuse.

La campagne du candidat républicain est de plus en plus critiquée au sein même du parti. Mais Mitt Romney n'envisage aucun changement de cap. « Je n'ai pas besoin de changer de stratégie. J'ai une équipe de campagne très efficace et qui fait un excellent travail », a-t-il assuré ce dimanche 23 septembre 2012.

La confiance de Mitt Romney est proche du déni de réalité vu l'acidité des critiques qui visent son entourage. « La semaine dernière, j'ai qualifié l'équipe de campagne d'incompétente, mais c'est parce que je suis polie. J'aurais dû parler de catastrophe ambulante », a ainsi lâché Peggy Noonan, la chroniqueuse conservatrice du Wall Street Journal.

Dans une interview accordée à la chaîne de télévision de droite Fox News, Scott Walker, gouverneur républicain du Wisconsin a, pour sa part, déploré le manque de passion dans la campagne : « Je voudrais le voir enflammer les foules ! », s’est-il exclamé.

La convention du parti à Tampa en Floride, fin août, n’a pas occasionné le rebond espéré dans les sondages, et la gaffe du candidat qui, dans une vidéo diffusée la semaine dernière sur internet, a qualifié 47% des Américains d' « assistés » au motif qu’ils ne payent pas d’impôt, a eu un effet désastreux sur l’électorat indépendant.

Stuart Stevens, cible de toutes les attaques

Un homme concentre les foudres du camp républicain : Stuart Stevens, qui joue à lui seul le rôle de directeur de campagne, de directeur de la publicité et de plume pour les discours de Mitt Romney.

Ancien consultant à Hollywood, auteur d'un livre sur la gastronomie française, aventurier amateur - il a skié jusqu'au pôle nord, traversé les Pyrénées à vélo -, Stuart Stevens qualifie à juste titre son parcours d' « éclectique », ce qui n'est pas l'adjectif préféré des conservateurs. Son caractère bouillant, impulsif, est régulièrement dénoncé par les cadres républicains. Parmi les nombreux reproches qui lui sont adressés : le fait d'avoir déchiré le discours composé pour Romney à la convention républicaine, avant de le réécrire entièrement, au dernier moment, en omettant totalement d'évoquer le sort des soldats américains déployés en Afghanistan. « Erreur colossale ! », ont aussitôt réagi les caciques du parti.

Selon un sondage réalisé début septembre par le Pew Research Center, au lieu du discours d’investiture du candidat républicain, c’est la prestation du réalisateur américain Clint Eastwood face à une chaise vide qui a le plus retenu l’attention des téléspectateurs au terme de la convention. La grand-messe républicaine a donc échoué à atteindre son objectif principal : créer un grand mouvement de sympathie autour de Mitt Romney, changer son image.

Au-delà de l’échec relatif de Tampa, de nombreux ténors républicains remettent en cause la stratégie globale de Stuart Stevens, qui a choisi de focaliser la campagne sur le déclin de l’économie américaine qu’il attribue à la mauvaise gestion de Barack Obama, plutôt que sur des propositions concrètes pour sortir de la crise. Mais à six semaines du scrutin, Stuart Stevens ne risque pas de perdre son poste. Son départ serait en effet immédiatement interprété comme un aveu d'échec pour Mitt Romney.

Le débat, dernière chance pour Romney ?

Le plus souvent sous couvert de l’anonymat, certains républicains s’expriment comme si leur poulain avait déjà perdu la bataille pour la Maison Blanche, mais Mitt Romney continue d’afficher sa confiance. « Je vais gagner », a-t-il déclaré au cours du week-end lors d’une interview télévisée, alors que les dernières enquêtes d’opinion annonçaient un recul de sa popularité. Ces mauvaises performances sont dues aux « mensonges de Barack Obama », a-t-il expliqué.

Le premier des trois débats télévisés qui doivent l’opposer au président sortant aura lieu le 3 octobre prochain, et le candidat républicain entend bien en profiter pour rebondir. L’équipe démocrate fait mine de craindre cette échéance : « Mitt Romney a beaucoup débattu au cours des primaires au sein de son parti. Il saura tirer parti de cette expérience. Je pense qu’il aura l’avantage au moins au début de l’émission », assure Robert Gibbs, ancien porte-parole de la Maison Blanche, accroissant ainsi la pression sur le candidat républicain.

Début septembre, Mitt Romney est parti trois jours dans le Vermont pour des séances d’entraînement face au sénateur de l’Ohio, Rob Portman, qui interprétait Obama. Selon les experts, le seul fait d’apparaître sur un plateau télévisé aux côtés du président sortant devrait aider le candidat républicain à acquérir la stature d’un chef d’Etat.

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