De notre correspondant à Washington,
Barack Obama et Mitt Romney multiplient les meetings politiques mais aussi les événements destinés à lever des fonds pour leurs campagnes. Une véritable institution aux Etats-Unis. Barack Obama participera ce mardi soir à New York à l’une de ces soirées de levée de fonds, en compagnie de deux stars de la musique américaine.
Le rappeur Jay-Z et son épouse Beyoncé Knowles en seront ainsi les hôtes. Et en donnant au moins 5 dollars à la campagne de Barack Obama, on peut figurer dans la liste d’où sera tiré le nom de l’heureux gagnant qui aura le privilège d'être invité à cet événement annoncé à grand renfort de publicité.
Obama, champion des levées de fonds
Grâce à cela, les deux candidats réussissent à lever énormément de fonds. Selon le Center for Responsive Politics, un organisme indépendant qui surveille les dépenses de campagne aux Etats-Unis, Barack Obama arrive très loin devant Mitt Romney, lorsqu’il s’agit de récolter de l'argent sur le terrain. C’est quasiment du simple au double : 348 millions de dollars pour le président sortant contre 193 millions pour le candidat républicain.
Et cela sans compter l’argent apporté dans la campagne par les Super Pacs, ces groupes d’individus ou d’entreprises assez occultes qui financent des spots télévisés, la plupart du temps très négatifs à l’égard du candidat de l’autre camp.
Super Pacs : Romney loin en tête
Au jeu des Super Pacs, Mitt Romney arrive largement en tête devant Barack Obama. En 2008, la campagne (toutes élections fédérales comprises) avait été la plus chère de l’histoire des Etats-Unis : 5,3 milliards de dollars, soit une augmentation de 27% par rapport à 2004. A elle seule, la campagne présidentielle avait coûté près de 2,5 milliards de dollars.
Et cette année, cela s’annonce encore plus fou. Pourquoi ? Parce que la loi a changé aux Etats-Unis selon Bob Biersack du Center for Responsive Politics : « En 2010, certaines règles ont changé concernant la manière dont les campagnes électorales peuvent être financées aux Etats-Unis. Les entreprises, les syndicats et d’autres types d’organisations ont été autorisés à participer directement en dépensant leur propre argent dans des publicités ou d’autres manières de convaincre les électeurs de voter pour ou contre tel ou tel candidat. Avant 2010, les entreprises et les syndicats n’avaient pas le droit de dépenser de l’argent directement dans ce genre d’activité. Mais la Cour suprême a décidé que c’était anticonstitutionnel, que ce genre de dépenses devait être autorisé. Et donc ça l’est aujourd’hui. Et on verra une nouvelle augmentation, dans cette élection très serrée, que ce soit au niveau présidentiel mais également au niveau du Congrès. Il y aura beaucoup d’argent dépensé, peut-être jusqu’à six milliards. »
Google et Microsoft pour Obama, Goldman and Sachs pour Romney
L'argent vient en fait très largement des dons faits par les plus grandes entreprises américaines. Pour Barack Obama, les trois premiers contributeurs sont l’université de Californie, Microsoft et Google avec entre 350 000 et 500 000 dollars chacun.
Pour Mitt Romney, Goldman and Sachs arrive en tête, avec 680 000 dollars versés à la campagne du républicain. JP Morgan et Morgan Stanley arrivent derrière avec un peu plus de 500 000 dollars chacun.
Que veulent ces grands groupes ? Pouvoir influencer la politique américaine. En finançant les campagnes des candidats, ils s’ouvrent les portes du pouvoir. A moins qu’ils ne le prennent déjà ce pouvoir, finalement... C’est ce que pense Roger Whitehood, du Rutherford Institute en Virginie : « Le président des Etats-Unis n’a pas autant de pouvoir que le pensent les gens. Celles qui dirigent vraiment les Etats-Unis, ce sont les grandes entreprises avec l’influence des lobbies. Vous avez besoin de tellement d’argent, dans ce pays ! Six milliards de dollars vont être dépensés par les deux candidats à la présidentielle, Mitt Romney et le président Obama. Si vous n’avez pas d’argent, vous ne pouvez pas être élu président des Etats-Unis. Et qui fournit l’argent ? Les grands groupes comme Microsoft, Goldman and Sachs, toutes ces entreprises. »
De l'argent aussi pour les élus de la nation
Outre la campagne présidentielle, la totalité de la Chambre des représentants est renouvelée ainsi qu’un tiers du Sénat américain. L'occasion de nouvelles dépenses. A titre d’exemple, un candidat au Sénat dépense, en moyenne, 1,6 millions de dollars en moyens de campagne. Cela uniquement lorsque le siège est libre, c'est-à-dire que le sénateur sortant ne se représente pas. Et lorsqu’il y a plusieurs candidats, c’est généralement celui qui dépense le plus qui l’emporte, explique Roger Withehead, qui dirige le Rutherford Institute : « 93% des candidats qui ont décroché un siège au Congrès en 2008 avaient plus de moyens que leurs rivaux. Et les Américains votent selon ce qu’ils voient dans les spots diffusés à la télévision qui coûtent des millions et des millions de dollars. »