Québec: les indépendantistes vers une victoire aux législatives

Après neuf années passées dans l’opposition, le Parti québécois prépare son grand retour sur le devant de la scène politique dans la province francophone du Canada. Les derniers sondages le donnent vainqueur du scrutin de ce mardi 4 septembre, sans qu’il soit pour autant assuré de pouvoir former un gouvernement majoritaire. Les souverainistes sociaux-démocrates du Parti québécois devraient toutefois profiter de l’usure du gouvernement libéral sortant ainsi que du soutien des jeunes électeurs, après la crise étudiante qui a secoué le Québec au printemps dernier.

Ces derniers jours, Pauline Marois a le sourire. La présidente du Parti québécois (PQ) a de bonnes chances de devenir la première femme au poste du Premier ministre dans l’histoire du Québec. Le dernier sondage publié ce dimanche, crédite en effet le Parti québécois de 33% des intentions de vote, contre 28% pour la Coalition Avenir Québec (CAQ). Le Parti libéral du Premier ministre sortant, Jean Charest, serait renvoyé à la troisième place, avec seulement 27% des intentions de vote.

Parti québécois : vers l’indépendance du Québec

Pour les jeunes électeurs, habituellement pas très impliqués dans le processus politique au Québec, le PQ a fait une promesse de la plus haute importance : s’il remportait les élections, il mettrait immédiatement un terme à la hausse prévue des frais de scolarité. C’est justement ce projet initié par le gouvernement libéral sortant, qui avait mis le feu aux poudres, déclenchant des manifestations monstres dans les rues de plusieurs villes du Québec et la grève dans de nombreuses universités de la Belle Province. Pauline Marois devrait être assurée de remporter une large majorité des votes des jeunes.

Mais le Parti québécois, c’est avant tout la formation politique qui défend depuis toujours la spécificité du Québec par rapport au reste du Canada. Ainsi, Pauline Marois s’est engagée à organiser un référendum sur l’indépendance du Québec, dès qu’elle aura l’assurance de l’emporter. Il est certain, qu’après deux vaines tentatives, en 1980 et 1995, un troisième échec sur la question de la souveraineté québécoise serait fatal au PQ.

Cela n’empêchera pas les souverainistes, s’ils étaient élus, de faire de l’affirmation nationale leur cheval de bataille, et ceci non seulement sur le plan culturel, avec toujours la défense de la langue française, mais également sur le plan économique : le PQ veut entre autres rendre plus difficile le rachat d’entreprises québécoises par des compagnies étrangères et mettre l’accent sur les riches réserves de fer, de zinc, de nickel, de cuivre et d’or, pas assez exploitées à leur goût.

Parti libéral : l’usure après neuf ans au pouvoir

Le Premier ministre sortant a appelé les électeurs à faire barrage à l’arrivée au pouvoir du PQ. Brandissant la menace du « chaos dans les rues » et du « suicide économique » qu’implique, selon lui, le programme souverainiste du Parti québécois, Jean Charest se présente comme garant de la stabilité du Québec, mettant notamment en avant le bilan économique de ses neuf années à la tête de la province francophone. Mais les électeurs sont apparemment lassés par la longévité du Parti libéral au pouvoir. Les soupçons de corruption qui pèsent sur le gouvernement sortant et surtout sa mauvaise gestion de la crise étudiante au printemps dernier risquent d’aboutir sur un vote sanction.

Un revers lors du scrutin de ce mardi signifierait avant tout l’échec de la stratégie politique de Jean Charest. Le Premier ministre avait déclenché les élections législatives anticipées, estimant que le climat d’insécurité qui régnait après les manifestations des étudiants, pourrait lui être favorable. S’il perd son pari, Jean Charest pourrait annoncer son retrait de la vie politique dès mardi soir.

Coalition Avenir Québec : la troisième force

Mais ces dernières cinq semaines de campagne électorale ont été surtout marquées par l’émergence inattendue d’une troisième force politique, la Coalition Avenir Québec (CAQ). Fondée l’année dernière par des fédéralistes et des ex-indépendantistes déçus des « vieux partis », cette formation a su s’immiscer dans le système bipartite auquel étaient habitués les Québécois. Face au Parti libéral et au Parti québécois, le CAQ dit incarner à elle seule le vrai changement. Son dirigeant, François Legault, veut mettre de côté pour les dix prochaines années la question de l’avenir constitutionnel de la province afin de « faire le ménage dans la corruption et la bureaucratie » et ainsi faire avancer le Québec.

Un discours qui séduit de plus en plus d’électeurs québécois, au point que la CAQ a même réussi à doubler le Parti libéral dans les intentions de vote. Son apparition sur la scène politique pourrait faire des victimes collatérales : le parti gagnant pourrait se voir privé de la possibilité de former un gouvernement majoritaire.

Participation importante

Après le « printemps érable », la participation aux élections législatives anticipées s’annonce particulièrement importante. Près d’un million d’électeurs, soit 16,6% des quelque 6 millions inscrits, ont d’ores et déjà voté par anticipation, alors qu’ils n’étaient que 11,7% aux dernières élections en 2008.

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