Le Palais national trônait majestueusement sur la plus grande place du pays, le Champ de Mars, à Port-au-Prince. Aujourd’hui, les coupoles, salles de réceptions et escaliers monumentaux ne sont plus que des ruines. Les 35 secondes du séisme du 12 janvier 2010 ont fait s’écrouler ce splendide bâtiment construit au début du XXe siècle.
Au fil des couloirs et pièces désertées, les dégâts rendent compte de la violence de la catastrophe qui a tué plus de 200 000 personnes. Œuvres d’arts et mobilier ont été retirés des décombres mais il traîne encore, souvent à même le sol, une quantité incalculable de documents divers. Papier vierge à en-tête présidentiel, enregistrements audios de réunions gouvernementales, lettres de citoyens adressées à la première dame, femme du président Jean-Bertrand Aristide, au pouvoir de 2001 à 2004... Autant d'archives hétéroclites abandonnées au milieu de la poussière et des gravats.
Après la catastrophe, l’urgence était de sauver des vies et de prendre en charge le million et demi de sinistrés. Deux ans et demi se sont écoulés, 400 000 personnes vivent encore dans des camps insalubres. Mais les autorités veulent aller de l’avant et la destruction finale du Palais est l’exemple de cette dynamique.
Le président Michel Martelly a officialisé, le 22 août dernier, le début du chantier. Une décision qui soulève un vent de polémique à travers le pays car la démolition de ce symbole national a été confiée à l’ONG américaine JP/HRO, fondée par l’acteur Sean Penn au lendemain du séisme. L’organisation, spécialisée dans le secteur médical, s’est proposée de réaliser gratuitement les travaux. Une offre généreuse mais qui froisse l’orgueil nationaliste haïtien. Les citoyens ne comprennent pas pourquoi la tâche n’a pas été confiée aux services nationaux de l’équipement, qui disposent d’engins adaptés, ou même à une compagnie privée nationale.
Trois mois seront nécessaires pour raser les ruines du Palais national, que beaucoup auraient souhaiter conserver, comme mémoire de la catastrophe et monument historique pouvant devenir site touristique.