Avec notre correspondante à Santiago du Chili, Claire Martin
C’est au rythme des chants et des tambours que les collégiens et lycéens ont défilé à Santiago et en province, la plupart du temps de manière pacifique. Quelques manifestations se sont néanmoins terminées par des affrontements entre policiers et jeunes au visage couvert et par des saccages sur la voie publique.
Les jeunes protestent pour que l’éducation secondaire ne soit plus gérée par les municipalités mais par l’Etat, garant de sa qualité. Autrement dit, ils veulent une refonte du système éducatif ultralibéral hérité de la dictature d’Augusto Pinochet. Contrairement à ce que martèle le gouvernement, selon Robinson, 18 ans, leurs revendications ne sont pas prises en compte.
« Je me sens frustré parce que je sens qu’on ne nous écoute pas, clame-t-il. On n’a absolument rien réussi à obtenir. Le dialogue ici au Chili n’existe pas. Parce que les hommes politiques tentent toujours de nous avoir. Tout ce qu’ils font c’est enrichir les riches et appauvrir les pauvres, et continuer à considérer l’éducation comme un produit, comme un marché. »
Dans la population, certaines réformes en discussion au Congrès sont appréciées. Comme la réduction d’impôts pour les familles dont les enfants étudient dans le semi-public. Mais si elles allègent leur charge, elles ne changent pas le système. Elles le renforcent. Les scènes de saccage participent aussi à faire baisser le soutien populaire. Or, sans l’empathie des gens, ce regain de mobilisation ne pourra que s’essouffler une nouvelle fois.