« Les disparitions forcées au Chili n’appartiennent pas au passé, mais au présent et à l’avenir ». Pour appuyer ces mots d’introduction, les deux experts ont choisi de donner leur conférence de presse au cimetière général de Santiago devant un symbole fort : les croix noires du patio 29. Sous la dictature, les militaires ont enterré illégalement des opposants politiques dans ce carré. Près de quarante ans plus tard, certains ne sont toujours pas identifiés. Après neuf jours d’enquête, les experts onusiens félicitent le pays pour les indemnités publiques versées aux familles de disparus, pour la quantité de procès et de militaires condamnés. Des avancées qui ont toutefois manqué d’une politique d’Etat cohérente et pérenne. Mais là où le bât blesse le plus, c’est en matière de justice.
« Les procès sont trop lents, explique l’Argentin Ariel Dulitzky. Une loi d’amnistie est toujours en vigueur. La plupart des peines qui sont prononcées sont très basses et elles ne sont pas toujours suivies de prison. Nous pensons que ce n’est pas compatible avec le délit de disparition forcée ».
Pour la présidente de l’association des familles de disparus Lorena Pizarro, ces premières conclusions sont une victoire : « Nous, nous avons demandé exactement la même chose, et le gouvernement n’a jusqu’ici rien fait ». Des recommandations de l’ONU l’inspireront peut-être davantage.