Tradition de la campagne présidentielle aux Etats-Unis oblige, Mitt Romney a dû se prêter au jeu de la tournée à l’étranger. Le candidat républicain a prévu un voyage de six jours qui a commencé mercredi en Grande-Bretagne.
L’équipe de campagne du mormon avait laissé entendre avant son départ que ce serait une campagne aux ambitions modestes. C’est la première fois que Mitt Romney quitte les Etats-Unis depuis l’investiture républicaine à l’élection présidentielle qui aura lieu en novembre. Une initiation diplomatique en quelque sorte. En 2008, Barack Obama avait brillé au Moyen-Orient et en Europe, où il avait déplacé les foules. En 2012, Mitt Romney veut « écouter et apprendre ».
Mais avant même de poser les pieds sur le sol britannique, Mitt Romney crée la polémique. Les démocrates reprochent à des conseillers du candidat républicain d’avoir accusé Barack Obama d’ignorer « l’héritage anglo-saxon » des Etats-Unis. La remarque est jugée raciste par le camp du premier président noir du pays. Même si les propos ont été démentis par Mitt Romney, ils alimentent la critique.
« Le désastre Romney »
Les premiers pas du républicain sur la scène internationale sont maladroits. Mitt Romney commet un autre impair. Dans une interview accordée à NBC News, il critique la sécurité des Jeux olympiques, gérés par une société dont les défaillances sont « troublantes et peu encourageantes ». Il avait aussi mis en doute la participation populaire : « Est-ce que les Britanniques se retrouveront tous ensemble pour fêter ce moment olympique ? On le verra seulement quand les Jeux auront commencé. »
Est-ce que le multimillionnaire a voulu, avec ces déclarations, mettre en avant son propre succès dans l’organisation des jeux de Salt Lake City en 2002 ? En tout cas, ces petites phrases provoquent un tollé. Le Premier ministre David Cameron a rétorqué jeudi que « tout le pays est derrière les Jeux. » La presse ce vendredi est plus virulente. « Mitt the twit » (« Mitt l’idiot »), titre le tabloïd The Sun, alors que The Independent parle du « désastre Romney ».
Des alliés et des voix
Malgré ses tentatives de rattrapage jeudi, lorsqu’il loue « les grands progrès » dans l’organisation des JO, Mitt Romney a piqué au vif la fierté de ses hôtes. Lors de son séjour londonien, le républicain aura quand même rencontré David Cameron, son prédécesseur travailliste Tony Blair et le chef du gouvernement irlandais Enda Kenny. De quoi se rapprocher de l’allié britannique, courtiser un peu plus le vote conservateur, et chasser celui de la communauté irlandaise aux Etats-Unis.
Après l’inauguration des JO, il poursuivra sa visite en Israël. Mitt Romney y rencontrera les chefs de gouvernements israélien Benyamin Netanyahu et palestinien Salam Fayyad. Le sénateur du Massachusetts « incarne un potentiel nouveau président alors que celui qui est en place, Barack Obama, a déçu les Israéliens », analyse Michael O’Hanlon, spécialiste de la politique américaine à la Brookings Institution. Mitt Romney voudra prendre l’avantage, en se montrant plus conciliant avec l’Etat hébreu. Autre point en sa faveur : Mitt Romney connait déjà Benyamin Netanyahu. Les deux hommes ont travaillé ensemble dans la finance à Boston.
Le candidat républicain chasse aussi le vote des pro-israéliens. Ces derniers ont voté démocrate en 2008 (78% en faveur de Barack Obama), mais Mitt Romney compte bien changer la donne. Et avec une dernière étape polonaise, il voudra assurément mettre en avant sa politique économique ultra-libérale. En 2011, Lech Walesa, le fondateur du mouvement Solidarnosc, avait refusé de rencontrer Barack Obama. Il recevra par contre Mitt Romney.
La suite et la fin de la visite de Mitt Romney s’annonce périlleuse pour celui qui a commencé par un couac à Londres. Le vrai défi pour le républicain sera de se montrer crédible en matière de politique étrangère et d’endosser le statut d’homme d’Etat.