Manifestation contre des destructions de maisons en Haïti

A Port au Prince, en Haïti, les habitants d'un quartier populaire sont en colère contre le gouvernement qui prévoit de détruire leurs logements. Les constructions, bâties à flanc de collines sans aucun contrôle de l'Etat, représentent un réel danger pour leurs occupants. Ces familles pauvres le savent mais elles réclament surtout le droit d'être écoutées par les autorités.

Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron

Les habitants du quartier Jalousie ont, ce jeudi 12 juillet 2012, pris la rue contre le gouvernement qui a le projet de détruire au moins 450 maisons situées au bord d'une ravine. Les manifestants sont pleinement conscients des dangers que représentent leurs constructions anarchiques mais ils sont avant tout énervés de ne pas être impliqués dans les décisions.

« Il faut que le dialogue soit instauré dans le respect mutuel parce que ce sont des êtres humains qui habitent à Jalousie, clame Paul Sylvester, fatigué de ce mépris des autorités. Quand vous voulez détruire la maison d'une personne, il faut lui donner des explications car c'est un être humain. Ils nous méprisent, ils ne nous considèrent pas comme des hommes. »

Pour Jean Robert, le président Michel Martelly n'a pas apporté le changement promis : « C'est une politique traditionnelle. A la minute où il a pris le pouvoir sur le dos du peuple, il passe dans le camp bourgeois et c'est toujours le peuple qui souffre, qui gémit dans la misère. Ils vont détruire nos maisons en haut mais les bourgeois continuent à faire leurs murs. L'Etat haïtien ne sait pas tenir ses promesses. Ils nous mentent. On va manger du caca ? C'est pas possible. Il faut que ça change. »

Car ce conflit quant à l'aménagement urbain de la capitale fait surtout resurgir le clivage latent depuis des décennies en Haïti, un pays où cohabitent une extrême minorité très riche et la grande majorité qui survit avec moins de 2 dollars par jour.

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