Envoyée spéciale à Los Cabos (Mexique),
Avant même le début du sommet du G20, lundi 18 juin 2012 au soir, le président américain Barack Obama, qui a multilplié ces derniers jours les entretiens téléphoniques avec ses homologues européens, avait rencontré la chancelière allemande Angela Merkel.
Barack Obama s'est également entretenu avec tous les dirigeants européens du G20.
C'est dire l'importance accordée par les Etats-Unis à la crise qui secoue, depuis 2009, la vieille Europe. Un continent mis au banc des accusés à ce G20 de Los Cabos, au point que certains ne cachent plus leur agacement face à cet interventionnisme qui ne dit pas son nom, notamment le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso :« L’Europe, c’est 27 démocraties, et parfois en démocratie, les décisions prennent du temps. Nous sommes une union d’Etats et non pas une union intégrée, comme d’autres le sont. »
Un argumentaire qui ne passe pas auprès des partenaires du G20, sans compter que l’Europe arrive divisée à ce G20. La semaine dernière le couple franco-allemand, considéré par beaucoup comme le moteur de l'Europe, a affiché au grand jour ses divisions. Le ministre français du Travail Michel Sapin, qui accompagne François Hollande à ce sommet a reconnu que l'harmonie n'était pas vraiment au rendez-vous : « Il existe des difficultés. Les rencontres comme le G20 sont faites pour surmonter ces tensions et pour avancer des propositions. Beaucoup de pays européens veulent proposer des solutions y compris à leur autres partenaires du G20. »
Relancer la croissance
Et certains Européens, sans l'afficher ouvertement, ne sont d'ailleurs pas mécontent des pressions exercées sur l'Allemagne pour qu'elle lâche du lest et accepte la mise en place de mesures de relance de la croissance. La crise en Grèce est, en effet, loin d'être terminée. Les caisses sont vides et le pays a besoin de façon urgente de l'aide promise par les Européens. L'Espagne inquiète également, ses taux d'emprunt à dix ans ont, lundi, atteint 7,25%, un record.
Une situation inacceptable pour les dirigeants non-européens du G20, comme le souligne Fabrice Cousté directeur général du courtier CMC Market : « Les dirigeants internationaux vont mettre la pression aux pays européens pour qu’ils mettent en place des vrais solutions. Un plan d’envergure de manière à donner de l’air à l’économie européenne, et par ricochet aux économies émergentes et aux Etats-Unis. Car aujourd’hui, la planète des marchés financiers s’est arrêtée et tourne uniquement autour de ce qui va se passer en Grèce, en Espagne et en Europe. »
Sans compter qu'à Los Cabos, les critiques à l'encontre de l'incapacité des Européens à juguler la crise se multiplient. Dernière en date, celle d’Angel Gurria, le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui a déclaré qu'il était temps que les Européens se décident enfin à utiliser « les moyens considérables » à leur disposition pour calmer les marchés ».
Taxe sur les transactions financières
D’autres dossiers sont également au menu des discussions de ce G20, et notamment ceux qui concernent l'aide au développement, la lutte contre le protectionnisme ou encore la taxe sur les transactions financières.
Des thèmes souvent portés par des ONG qui ont de plus en plus de mal à se faire entendre dans ce genre de forum, comme le rappelle Luc Lamprière, le directeur d'Oxfam France : « Notre rôle principal dans ces sommets est de rappeler aux leaders du G20, la responsabilité qu’ils ont vis-à-vis de leur propres populations. La crise économique, ce n’est pas seulement des problèmes de taux d’intérêt et de dette souveraine, ce sont également des sujets qui concernent la vie de millions de personnes, avec des conséquences comme le manque de financement pour des questions alimentaires. »
Une fois encore, ses questions, pourtant essentielles, risquent d'être relégués à une simple déclaration de bonnes intentions, un paragraphe pour se donner bonne conscience dans la déclaration finale du G20, diront les plus cyniques.