Avec notre correspondant à Caracas, François-Xavier Freland
Il est clair que le président-candidat Hugo Chavez n'est pas au mieux de sa forme pour affronter la dernière ligne droite. Même s'il a annoncé juste avant d'officialiser sa candidature, le week-end dernier, que les derniers examens médicaux étaient positifs, concernant l'évolution de son cancer.
Le président est apparu ces derniers jours assez énergique malgré tout, soucieux de faire taire les rumeurs les plus pessimistes. Lors d'une assez longue allocution télévisée, mercredi 13 juin, Chavez le combattant, dans sa désormais mythique tenue militaire, s'est montré « plus déterminé que jamais à gagner cette bataille historique contre l'impérialisme ».
Il est intéressant de constater que Chavez met d'abord en avant dans cette campagne, « le combat pour l'indépendance ». Il est le « Simon Bolivar » des temps modernes, du nom du héros de l'indépendance, le rempart contre le retour de l'impérialisme Yankee. Indépendance idéologique, économique, et militaire surtout. C'est dans cette logique, qu'il a annoncé le renforcement des milices civiles, et la création d'une entreprise d'armement pour défendre le territoire et prévenir le pays d'une éventuelle agression extérieure.
Une campagne aux allures mystiques
D'un côté, Hugo Chavez, toujours plus croyant et chrétien depuis sa maladie -son camp multiplie les messes pour le sauver- est véritablement parti en croisade contre le mal absolu, le capitalisme, le grand satan. Et dans la foule réunie autour de lui lundi 11 juin pour déposer sa candidature au registre du Conseil national électoral, il y avait une banderole où l'on pouvait lire : « Le christ est le premier révolutionnaire. Dans cette logique, Chavez en dernier révolutionnaire, est un peu le Christ. Ses nombreux clips de campagne le présentent d’ailleurs quasiment comme le messie qui pense aux pauvres.
En face, Capriles Radonski commence à jouer sur le même registre. Cet ancien petit-fils de déporté juif converti au christianisme, ne compte pas se faire « voler le bon dieu ». Et on le voit souvent se signer lors de ses discours. Il invoque régulièrement l'aide de dieu pour aller jusqu'à la victoire finale, le 7 octobre prochain.
Chavez donné vainqueur par tous les sondages
Ce sera dur pour le jeune candidat de 39 ans qui parcourt le pays de fond en comble, fait du porte-à-porte pour aller expliquer son programme basé sur des promesses sociales et la lutte contre l'insécurité qui mine le pays. Il y met toute son énergie, sûr de sa bonne étoile. Il est persuadé que l'élection va se jouer sur le fil, notamment en allant convaincre les nombreux indécis qui hésitent encore, ou n'osent pas clairement dire pour qui ils voteront par peur des représailles ou pressions.
Reste que Chavez bénéficie encore d'un fort soutien populaire, et que beaucoup de Vénézuéliens qui craignent pour sa santé, pourraient bien lui renouveler une dernière fois leur confiance pour les six années à venir. Chavez a promis de terminer son processus révolutionnaire qui fera passer le pays du capitalisme vers le socialisme. Ce qui effraie, bien entendu, l'opposition.