Avec notre correspondant à Washington, Raphaël Reynes
C’était il y a exactement une semaine. Sur la chaîne de télévision ABC.Quelques jours après son vice-président Joe Biden, Barack Obama se disait lui-aussi favorable au mariage gay.
Sur le coup, Tatiana n’en est pas revenue : « J’étais surexcitée ! Je me disais : c’est le premier président en exercice à le dire et je le vois de mon vivant ! C’était vraiment génial ! ». À 17 ans à peine, Tatiana revendique son homosexualité et milite avec ferveur pour l’égalité des droits des homosexuels. Mais au-delà de la joie provoquée par une telle annonce, elle s’inquiète des conséquences sur la campane présidentielle.
« Malheureusement, les Etats-Unis sont coupés en deux. D’un côté, il y a Mitt Romney qui représente les anti-gay et, de l’autre, Barack Obama qui est pro-gay. Le problème, c’est que les gens risquent de voter sur cette seule base, plutôt que de regarder les choses plus largement. Et ça, ça m’inquiète un peu ».
La prise de position de Barack Obama est-elle risquée pour l’actuel président candidat à sa propre succession ? Non, répond Cornelius Baker, activiste historique de la cause gay aux Etats-Unis. Selon lui, la plupart des Américains n’accordent que peu d’importance à la question.
« De plus en plus de sondages montrent que près d’un Américain sur deux est favorable aux droits des homosexuels et à l’égalité devant le mariage. Et ces personnes vivent en majorité dans les Etats où le président va l’emporter de toute façon et dans ceux où il doit l’emporter. En revanche, ceux qui sont le plus opposés à cette égalité sont dans des Etats où il n’a presque aucune chance de gagner l’élection ».
Plus de facilités dans la vie des homosexuels ?
Au-delà de tout calcul politique, cette annonce présidentielle va-t-elle changer les choses pour les millions de gays, de lesbiennes, de bi et de transsexuels qui vivent aux Etats-Unis ? Sera-t-il, par exemple, plus simple, désormais pour un jeune homosexuel, de faire son « coming out ? » « Je crois que ça aurait rendu les choses plus faciles pour moi », répond Nick, 21 ans. « Parce que le mariage est vraiment quelque chose de fort dans mon éducation religieuse. Alors oui, je crois que ça serait devenu ‘acceptable’. Je me serais dit ’bon, ce n’est pas trop grave, je peux sortir du placard’ ».
« On m’a forcé à sortir du placard en quelques sortes », raconte de son côté Taye, qui est un peu plus âgé que Nick. « Je ne l’ai jamais caché, mais j’avais du mal à l’accepter moi-même. Mais je sortais avec quelqu’un et il s’est suicidé et dans ces moments là, vous vous sentez obligé de dire quelque chose. Donc j’ai été forcé de le faire. Mais à l’époque, même si le président avait dit quelque chose comme ça, je crois que ça ne m’aurait pas fait sortir du placard »
Aujourd’hui, seuls six des cinquante Etats américains autorisent le mariage homosexuel. Trente et un autres l’ont interdit par voie constitutionnelle.