Qui voulait la peau de DSK ? Dans son nouveau livre Three Days in May : The DSK Thriller (Trois jours en mai : Le thriller DSK) Edward Epstein entend prouver l’existence d’une manipulation politique destinée à faire tomber l’ancien directeur du FMI (Fonds monétaire international), alors favori des sondages dans la course à l’Elysée. Le journaliste américain ne va pas jusqu’à suggérer que Nafissatou Diallo a été envoyée à dessein par quelque mystérieuse officine dans le chambre 2806 du Sofitel pour piéger DSK. De fait, il n’apporte rien de nouveau sur les sept minutes fatidiques de ce 14 mai 2011, entre 12h06 et 12h13, pendant lesquelles un rapport sexuel a été établi entre Dominique Strauss-Kahn et Nafissatou Diallo. Un rapport « consenti » selon le premier, « forcé » d’après la femme de chambre.
Le propos d’Edward Epstein est de démontrer que l’affaire du Sofitel a pu être utilisée par des « ennemis politiques » pour précipiter la chute de Dominique Strauss-Kahn. « Même s’il est hautement improbable que le rapport sexuel entre DSK et la femme de chambre a pu être planifié à l’avance, écrit Epstein, il est tout à fait possible que conspiration se soit mise en place après les faits pour détruite la carrière politique de DSK ». Epstein s’attache à reconstituer le séjour de DSK au Sofitel de New York à partir des relevés téléphoniques, des images des caméras de vidéosurveillance et des relevés des clés électroniques des chambres 2806 et 2820. Deux éléments ressortent :
•La disparition du téléphone BlackBerry de DSK. Selon Edward Epstein, l’ancien directeur du FMI a été prévenu que l’appareil était sur écoute et que les messages envoyés depuis ce téléphone étaient lus à son insu. DSK voulait donc le faire examiner par un expert à Paris, mais le téléphone disparaît mystérieusement. L’appareil envoie un dernier signal à 12h51, localisé à l’intérieur du Sofitel, alors que DSK se trouve au même moment dans un restaurant new-yorkais.
•L’attitude de Brian Yearwood, le directeur technique du Sofitel reste également inexpliquée. Pour Epstein, cet ancien fonctionnaire de l’administration pénitentiaire de New York est au centre du dispositif de surveillance de DSK depuis son arrivée à l’hôtel. La vidéosurveillance le montre guettant l’arrivée de DSK le vendredi 13 mai au soir. Le lendemain, après l’incident avec Nafissatou Diallo, il effectue une curieuse « danse de la joie » de quelques secondes avec le chef de la sécurité Adrien Branch. Brian Yearwood a-t-il été recruté pour effectuer une mission de surveillance ? Là encore ce ne sont que des suppositions. Brian Yearwood a toujours refusé de répondre aux questions.
Certes, Edward Epstein pose plusieurs questions intéressantes, mais il n’apporte aucune réponse. Son enquête n’établit pas de lien entre une possible surveillance de Dominique Strauss-Kahn par les services français – une surveillance qui pouvait avoir pour objet l’affaire du Carlton de Lille – et l’incident avec Nafissatou Diallo pour lequel il fait toujours l’objet de poursuites devant le tribunal civil du Bronx. A la lecture de ces 50 pages d’enquête, on en conclurait plutôt que si Dominique Strauss-Kahn se savait épié, son comportement et son imprudence sont d’autant plus surprenants.