Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet
Les faits étaient connus. Mais c’est la première fois que Jorge Videla ou un autre ancien membre de la junte militaire reconnaît l’existence d’un plan systématique d’extermination des opposants, pudiquement appelé « disposition finale ».
Jusqu’ici, aussi bien en 1985, quand ont été jugés et condamnés les principaux chefs de la dictature, que lors des procès qui se sont ouverts depuis 2004, les inculpés l’avaient toujours nié, se contentant de déplorer, au mieux, des « excès », justifiés selon eux, par le supposé état de guerre interne que connaissait alors l’Argentine.
Mais l’aveu se double aussi d’une terrible précision. Jorge Videla évoque le chiffre de 7.000 à 8.000 disparitions, ce qui risque de relancer une polémique jusqu’ici feutrée. Car ce chiffre est assez proche des 8.900 cas effectivement recensés par le rapport « nunca más » (jamais plus), qui servit de base au procès des juntes de 1985.
Mais il est très éloigné des 30.000 disparus revendiqués par les « mères de la Place de mai » et les autres organisations de défense des droits de l’homme.