Avec notre envoyée spéciale à La Havane, Geneviève Delrue
En quittant la Havane, Benoît XVI a pris de la distance avec une prudence qui a été de mise pendant tout son voyage à Cuba. Abordant dans son discours de départ le thème de la construction d’une société nouvelle et réconciliée, il a lié cette perspective au respect des libertés : « que personne ne se voit empêché de participer à cette tâche passionnante par une restriction des libertés fondamentales», a-t-il lancé.
Mais ces propos ont été en quelque sorte diplomatiquement contrebalancés par une critique de l’embargo américain. Sans le nommer expressément, le pape a évoqué les «restrictions imposées de l’extérieur» qui pèsent sur les populations. Une prise de position semblable à celle de Jean-Paul II en 1998 et qui a sans doute plu à son interlocuteur, le président cubain Raùl Castro.
La rencontre entre Benoît XVI et Fidel Castro
L’entretien, qui a duré trente minutes, a eu lieu à la nonciature et à la demande de Fidel Castro. On a pu le voir en photo debout, en veste de survêtement, aux côtés du pape souriant. Un entretien très cordial selon le père Lombardi, le directeur de la salle de presse du Saint-Siège. Selon le père Lombardi, Fidel Castro a demandé au pape des explications un peu curieuses sur la réforme liturgique. Ils ont également échangé sur des questions culturelles et Fidel Castro a demandé au pape de lui envoyer des livres sur tous ces sujets.
Laisser plus d'espace à l'Eglise
A Cuba , Benoit XVI est venu encourager la pratique religieuse mais aussi inciter le régime cubain à laisser l’Eglise devenir un acteur au sein de la société. Cela dans la perspective, à moyen terme, du rôole qu’elle pourrait jouer dans la mutation du système castriste. Une stratégie qui suppose patience et prudence, quitte à décevoir ceux des Cubains qui attendaient davantage de la visite de Benoît XVI.