Apple, une entreprise si soucieuse de son image de marque n’a fait ni une ni deux quand des associations de consommateurs l’ont accusée de laisser perdurer des conditions de travail déplorables dans les usines chinoises de son sous-traitant taiwanais Foxconn. Les manifestations de consommateurs mécontents devant les magasins à la pomme de New York, Washington, Londres ou Sydney ont achevé de convaincre Apple qu’il fallait étouffer la fronde toutes affaires cessantes. Dès le lundi 13 février 2012, le géant de l’informatique a fait savoir que des inspections avaient déjà débuté dans les usines de son sous-traitant chinois.
Une ONG internationale, spécialisée dans la défense des droits des ouvriers dont le siège se trouve à Washington, la Fair Labor Association (FLA) a été missionnée dès la mi-janvier par Apple pour « conduire des audits spéciaux des usines d’assemblage de ses sous-traitants, y compris dans les usines de Foxconn à Shenzen et Chengdu » indique le PDG d’Apple, Tim Cook, dans un communiqué.
Transparence perfectible
C’est une enquête du New York Times qui a levé le lièvre des conditions de travail chez les sous-traitants, des révélations relayées par une pétition en ligne qui a recueilli plus de 250 000 signatures. C’est dire si la réaction d’Apple est suivie de près. Et le choix de la FLA pour mener les inspections dans les usines a eu tôt fait de soulever de sérieuses objections chez bien des détracteurs de la compagnie californienne.
L’association Change.org qui abrite notamment la pétition, a rapidement réagi en mettant en cause la fiabilité de la Fair Labor Association. Cette dernière est dirigée par Auret van Heerden, un militant sud-africain qui a connu les prisons et les mauvais traitements de l’apartheid. Créée en 1999, la FLA a conduit en tout quelque 1 300 inspections dans des usines en Asie et en Amérique latine. L’association fédère des universités, des ONG mais aussi des industriels, notamment du secteur de l’habillement, ce qui fait peser des soupçons sur son impartialité.
Plusieurs ONG reprochent à la FLA de ne pas rendre public dans ses rapports d’audit, à la demande des industriels, le nom des usines inspectées. Elle ne détaille pas non plus pour quelles marques travaillent les usines épinglées pour non-respect de son code. De plus, la FLA ne pratique que rarement des inspections surprises ; la grande majorité de ses visites dans les usines se font suite à la demande des entreprises qui veulent s‘assurer que leurs fournisseurs respectent les accords qu’ils ont conclus ensemble.
Le précédent Nike et Adidas
La Fair Labor Association compte, et cela depuis son origine, parmi ses membres entre autres, des équipementiers sportifs comme Nike et Adidas qui ont été dans les années 1990 les premiers visés pour les conditions choquantes dans lesquelles étaient fabriqués leurs produits. Depuis, des progrès ont été accomplis mais la presse américaine pointe encore régulièrement des cas de licenciements abusifs, de refus de primes de licenciement comme de conditions de travail illégales dans les ateliers qui travaillent pour ces grandes marques.
C’est un bataillon d’inspecteurs de la FLA qui est en ce moment dans les usines chinoises qui travaillent pour Apple. « Ils vont interroger des milliers d’employés sur leur condition de vie et de travail, y compris la santé, la sécurité, la rémunération, les heures de travail et la rémunération avec la direction » détaille le PDG Tim Cook.
La pression est forte sur la marque à la pomme qui, depuis sa création a tant investi, sous la houlette de Steve Jobs, pour se construire une image qui confine au mythe. On comprend dès lors que les conclusions des audits de la Fair Labor Association seront épluchées à la loupe par Apple et au moins autant sinon plus par ses détracteurs. A consulter dès le début du mois de mars sur le site www.fairlabor.org.