Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Officiellement, c’est Joe Biden qui accueille son homologue chinois. Vice-président à vice-président, le protocole est respecté mais en réalité il s’agit bien d’une réception digne d’un chef d’Etat qui sera donnée ce mardi à la Maison Blanche. Xi Jinping est également attendu au Pentagone où il sera reçu avec tous les honneurs, car même si la presse officielle chinoise continue d’user de périphrases, parlant notamment de position particulière de M. Xi dans le prochain changement de direction à la tête du Parti communiste chinois, tout le monde sait bien que sauf accident de parcours, Xi Jinping sera le prochain président chinois.
Après ce voyage aux Etats-Unis, il ne restera en effet plus que deux étapes : le poste de secrétaire général du PCC lors du 18ème Congrès en octobre, puis la succession à la présidence lors de la réunion du Parlement en mars de l’année prochaine. Contrairement à l’actuel chef de l’Etat Hu Jintao, Xi Jinping ne découvre pas l’Amérique avec ce voyage d’intronisation. Sa fille étudie à Harvard. On le dit anglophone et son premier déplacement aux Etats-Unis remonte à 1985, il avait alors visité l’Iowa et Los Angeles.
« Fils de Prince » -son père Xi Zhongxun a été vice-Premier ministre et considéré comme réformiste sous Deng Xiaoping- Xi Jinping fait partie de la « cinquième génération » des dirigeants chinois. C’est de cette génération considérée comme plus pragmatique que devrait venir l’ouverture politique de la Chine selon de nombreux observateurs notamment aux Etats-Unis. C’est en tous cas une étape importante où les Américains et le monde entier vont apprendre à connaître un homme qui dans son propre pays a longtemps été moins célèbre que sa femme, la chanteuse Peng Liyuan épousée en secondes noces, qui est aussi général de l’Armée populaire de libération
Pas d’annonce
Aucune décision importante n’est véritablement attendue pendant cette visite de cinq jours. Washington et Pékin ont pourtant pas mal de choses à se reprocher. Les Etats-Unis en crise craignent la puissance commerciale de la deuxième économie du monde. Les Chinois reprochent aux Américains leurs récentes alliances militaires dans la zone Asie-Pacifique. Mais les deux géants savent aussi qu’ils ne peuvent plus se passer l’un de l’autre.
Il s’agira donc de lisser au maximum les choses pour que rien ne vienne gâcher cette Saint-Valentin sino-américaine. On l’a vu par exemple lors de la tentative de défection du bras droit d’un haut responsable chinois au consulat américain de Chengdu, juste avant le départ de Xi Jinping aux Etats-Unis. Les deux capitales ont alors officiellement minimisé l’affaire. De même lundi lorsque que les policiers ont arrêté des militants de la cause tibétaine alors qu’ils tentaient d’accrocher une banderole « Tibet libre » sur un pont de Washington.