Etats-Unis : Barack Obama veut taxer les millionnaires

Le discours sur l’état de l’Union au Congrès de Barack Obama mardi 24 janvier 2012 a fixé les priorités de sa quatrième année de mandat. Le président américain a proposé des mesures pour augmenter la fiscalité sur les plus hauts revenus et inciter les entreprises à produire davantage. 

L’idée principale de ce discours qui faisait figure de feuille de route électorale pour le candidat Obama en vue de la prochaine présidentielle : l’équité sociale. « Des millions d’Américains qui travaillent dur et respectent les règles méritent un gouvernement et un système financier qui font la même chose. Il est temps d’appliquer les mêmes règles du haut jusqu’en bas », a ainsi déclaré le chef de la Maison Blanche.

 
La priorité pour le président américain, c’est le redémarrage de l’économie. Face à un déficit de près 1 300 milliards de dollars, il propose donc de taxer davantage les millionnaires. « Il est anormal que des gens qui gagnent un million de dollars par an paient moins de 30% d'impôts », a indiqué Barack Obama.

L’une de ses mesures phares serait de taxer les hauts revenus à hauteur de 30%. Cette proposition intervient alors qu’une polémique se développe autour d’un des principaux adversaires républicains, le candidat multimillionnaire conservateur Mitt Romney qui vient de publier sa feuille d’impôt, dont le taux d’imposition s’élève à moins de 15% en 2011, un taux beaucoup moins élevé que ceux de la plupart des salariés américains. Barack Obama entend bien épargner les classes moyennes. « Si vous gagnez moins de 250 000 dollars par ans, comme près 98% des familles américaines, vos impôts ne devraient pas augmenter », a-t-il ainsi plaidé.

Relancer la production manufacturière
 
Dans le domaine de la fiscalité toujours, Barack Obama propose une série de réformes de l’impôt des sociétés afin d’inciter les entreprises à produire plus aux Etats-Unis. « Aujourd’hui, les entreprises obtiennent des réductions d’impôt lorsqu’elles délocalisent les emplois et les profits à l’étranger. Cela n’a aucun sens alors changeons cela », a déclaré le président.

Barack Obama va également agir du côté de l'emploi. Alors que la décrue du chômage se confirme - le taux s’établit désormais à 8,5% de la population active – le président américain cherche par tous les moyens à stimuler la création d’emplois, dans les secteurs d'activité les plus susceptibles d’embaucher : les petites et moyennes entreprises, les infrastructures et les énergies renouvelables. Il a annoncé son intention de mettre en œuvre des déductions fiscales pour les entreprises manufacturières pour les encourager à rapatrier leurs usines aux Etats-Unis et créer ainsi des emplois. 

Accroître la pression sur la Chine

Devant les membres du Congrès, le président a également évoqué les relations commerciales avec la Chine. Outre la faiblesse du yuan, un des problèmes récurrents entre les deux pays est la contrefaçon. Plusieurs plaintes les opposent devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le président a ainsi annoncé la création d’un organisme spécialisé chargé d’enquêter sur les pratiques commerciales de pays comme la Chine.

Après avoir relevé les droits de douane sur les pneus chinois et les tubes d’acier importés de Chine, Barack Obama entend protéger la distribution de musiques, films et logiciels américains. Un piratage qui représente aujourd’hui un manque à gagner de plusieurs milliards de dollars pour les entreprises américaines.

Mais pour la chercheuse Françoise Lemoine du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii), la faiblesse du yuan et le piratage ne sont pas les seules causes de la performance industrielle de la Chine : « Les exportations chinoises vers les Etats-Unis ne reflètent pas seulement une concurrence déloyale, elles reflètent également la très forte compétitivité de Pékin. La moitié des importations en provenance de la Chine sont le fait de producteurs américains qui se sont délocalisés là-bas. Une situation qui n’a pas que des inconvénients. Car si les produits chinois deviennent moins compétitifs du fait de  mesures de rétorsion, ces produits à bas prix viendront d’ailleurs. Ce type de mesures d’augmentation de droits de douane peut également avoir pour effet d’augmenter les prix sur le marché américain ».

Regardez la vidéo du discours sur l’état de l’Union de Barack Obama au Congrès
 

 

Partager :