Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Le même costume noir, le même sourire et une poignée de main à trois, la nouvelle photo de famille, prise samedi 19 novembre à Bali, réjouit la presse à Pékin. Car au fond, le Premier ministre chinois Wen Jiabao, son homologue japonais Yoshihiko Noda et le président sud-coréen Lee Myung-bak sont dans le même bateau, celui de la crise mondiale qui touche les importateurs américains et européens. Aucun de ces trois-là n’a envie de tomber à l’eau en raison d’une demande occidentale atone.
A terme, l’A.L.E (l’accord de libre-échange trilatéral) pourrait représenter jusqu’à 70% de l’économie asiatique et environ 20% de l’économie mondiale, soit la troisième plus grande zone de libre-échange dans le monde avec près de 1,5 milliard de consommateurs. Pour l’instant, l’accord n’est qu’une veille rengaine qui n’a guère connu d’avancées concrètes, font remarquer les sceptiques. L’idée a été lancée en janvier 2010 sur l’île sud-coréenne de Jeju.
Pékin entend désormais accélérer les choses face au TPP (Trans-Pacific Partnership), la zone de libre-échange Asie-Pacifique sous commandement américain mise en place au dernier sommet de l’APEC. Chine, Japon et Corée du Sud pourraient ainsi entamer les discussions sur un accord commercial dès l’année prochaine. En attendant, les commentateurs ressortent les bons vieux proverbes chinois aiguisés comme des couteaux et destinés au lointain ami américain : « Un bon voisin vaut mieux qu’un frère éloigné. »