Zuccotti Park n’est resté vide qu’une journée. Le temps pour un juge de New York d’ordonner la réouverture du square occupé depuis le 17 septembre par les militants anti-Wall Street et évacué par la police dans la nuit de lundi à mardi 15 novembre. Cette fois, les « indignés » n’ont droit ni aux toiles de tente, ni aux sacs de couchage.
Des policiers confisquent les sacs et matériels jugés trop volumineux. Une interdiction de s’allonger a également été décrétée. « Les manifestants ont occupé ce square pendant deux mois avec des tentes. Ils devront désormais le faire avec la seule force de leurs arguments », a prévenu le maire de New York, Michael Bloomberg, signant la fin effective du campement devenu le symbole de la protestation contre les abus du système financier.
Les manifestants craignent que la perte de ce point fixe ne marque la dispersion du mouvement. Toute la journée, ils ont parcouru le quartier financier à la recherche d’un nouveau quartier général. Peine perdue. La police les a devancés à chaque fois. « Le plus important n'est pas de défendre un espace, mais de garder un lien avec les syndicats, analyse Rico qui a rejoint le mouvement anti-Wall Street dès les premiers jours. Ça ne sert à rien de jouer au chat et à la souris avec la police. Si les employés du métro de New York se mettent en grève comme ils l'ont fait en 2005, cette ville sera complètement paralysée. Nous devons faire la jonction avec tous ceux qui partagent nos idées sans aller jusqu’à dormir à Zuccotti. »
Réfléchir à des nouvelles stratégies
En deux mois de présence, ceux que la presse américaine appelle les « Occupy » ont réussi à s’imposer dans les médias et à remettre au centre du débat public des questions comme les inégalités sociales aux Etats-Unis. Lundi, le magazine canadien anti-consumériste Adbusters fondateur du mouvement appelait les manifestants à déclarer victoire et à abandonner les occupations d’espaces publics pour réfléchir à des nouvelles stratégies. « Je ne crois pas que ce mouvement va s’arrêter, assure Ann Sherazi, une militante. Au fond, les actions de la police nous rendent service en attirant de plus en plus de presse et en permettant à de plus en plus de gens qui ne se sentaient pas forcément concernés de connaître ce mouvement. »
L’avenir du mouvement reste incertain
En expulsant les anti-Wall Street par la force, Michael Bloomberg a peut-être même sauvé un mouvement qui depuis quelques semaines cherchait un second souffle. Faute de pouvoir s’accorder sur un socle de propositions concrètes, les « indignés » faisaient surtout parler d’eux par les récriminations grandissantes des résidents et commerçants du quartier et la faune de marginaux qui gravitaient autour du campement. Elio Garcia, patron d’un café en face du square évoque des gens « agressifs qui pissent dans la rue et font fuir les touristes et les clients ». Des allégations largement reprises dans la presse populaire new-yorkaise.
L’avenir du mouvement est encore incertain. Jeudi, les manifestants promettent d’organiser une « grande fête populaire » devant le siège de la Bourse de New York avec l’intention de perturber Wall Street en forçant la police à boucler le quartier. Pour l’instant, le mouvement n’a jamais réussi à déranger les traders. Mardi, loin de l’agitation qui se déroulait à plusieurs blocs de Wall Street, le Dow Jones a terminé en hausse (+0,14%).