Avec notre correspondante à San Francisco, Anne Verdaguer
Il était 4h30, ce lundi 14 novembre au matin quand la police a envahi le parc qui sert de campement aux manifestants d’Occupy Oakland en Californie. C’est la deuxième intervention des forces de l’ordre depuis le début du mouvement il y a un mois.
Josh était sur place quand la police est intervenue : « Nous avons eu des informations comme quoi la police allait intervenir dans notre camp. Les alarmes ont retenti et nous avons eu la confirmation qu’ils étaient en train de se rassembler. Ils nous ont tout d’abord encerclés, ont bloqué les sorties. Puis ils ont commencé à arrêter des personnes qui manifestaient de manière non violente et qui ne voulaient pas partir ».
Des dizaines de personnes ont été arrêtées et des centaines d’autres délogées du campement. Une démonstration de force qui semble ne pas entamer la volonté des manifestants qui ont de nouveau investi les lieux pour une assemblée générale improvisée dans la soirée.
Tim est l’un des porte-parole d’Occupy Oakland : « Des centaines de policiers sont venus ici hier soir et ont détruit notre camp. Mais nous sommes de retour en masse et nous voulons réaffirmer le fait que notre mouvement réclame à nouveau cet espace public à un moment où l’argent afflue dans le secteur privé et dans les systèmes bancaires, et où les grandes compagnies en profitent alors que le reste de la population, les travailleurs, les sans-abri ne ramassent que les miettes ».
Un appel a été lancé pour une nouvelle manifestation et une grève générale samedi 17 novembre 2011.
A New York, alors que les militants d’Occupy Wall Street(OWS) espéraient fermer la Bourse de New York, des centaines de policiers sont intervenus tôt ce mardi 15 novembre pour évacuer leur campement, et les tentes sur le square Zuccotti ont été arrachées. L'accès au square était interdit, le quartier bouclé, et le square complètement barricadé derrière des barrières métalliques.
La police a diffusé un message enregistré, invitant les manifestants anti-Wall Street à retirer leurs tentes et tout leur matériel : « Tout doit être enlevé immédiatement. Si vous refusez d'enlever vos tentes et de partir, vous serez sujet à arrestation. Une fois que tout aura été enlevé, vous pourrez revenir ».
Vers quatre heures du matin (9h00 TU), la plupart des campeurs avaient quitté le square et les installations avaient été enlevées. « Nous avons fait une chaîne humaine, mais nous ne voulions pas de violence », a expliqué une des manifestantes après avoir quitté le square. « Cela ne fait que commencer », a-t-elle ajouté. « Nous allons nous retrouver à Foley square », à quelques centaines de mètres, a-t-elle ajouté.
Les policiers, assistés d'employés municipaux ont entièrement démantelé les tentes et les installations des manifestants, qui dormaient sur place depuis le 17 septembre. Une dizaine de protestataires ont été arrêtés, et embarqués dans une camionnette de police. La tension était palpable. Dans un tweet, Occupy Wall Street a fait état de bulldozers arrivant sur place.
Après leur éviction, les protestataires de New York se sont dits déterminés à poursuivre leur mouvement. Plusieurs centaines de personnes se sont à nouveau regroupées à proximité des barrières du square Zuccotti ce mardi en début d'après-midi et ont tenu une assemblée générale. La musique a repris, les manifestants brandissant une grande banderole jaune « Occupy Wall street ». La tension était perceptible entre la police et les manifestants qui ont saisi la justice pour avoir le droit de se réinstaller avec leurs tentes et leurs sacs de couchage. Mais ils n'ont pas pu pénétrer dans le square entièrement nettoyé et en fin d'après-midi, un juge new-yorkais a confirmé l'interdiction faite par les autorités de la ville aux manifestants anti-Wall Street de revenir camper dans le square dont ils ont été expulsés.
Le maire de New York Michael Bloomberg a justifié l’expulsion des manifestants en expliquant que la situation « était devenue intolérable ».
Depuis le 17 septembre, ceux qui avaient lancé le mouvement anti-wall Street, qui s'est ensuite propagé dans plusieurs autres villes américaines, avaient installé un véritable village de toile sur le square : les manifestants avaient monté leur cuisine, bibliothèque, infirmerie, et même un centre de distribution de vêtements chauds.
Plus au nord, à Portland, dans l'Oregon, la police avait également délogé dimanche une cinquantaine de manifestants qui campaient dans deux parcs de la ville.
Les manifestants d'Occupy Wall Street à New York, qui dénoncent le trop grand pouvoir de la finance et les inégalités, avaient prévu une journée entière de protestation jeudi, date anniversaire des deux mois du mouvement. Mais après plusieurs problèmes de sécurité, et au moins trois décès, les autorités ne cachaient plus leur impatience vis-à-vis des manifestants, tant à New York qu'à Oakland ou Portland.