Avec notre correspondance à Port-au-Prince, Amélie Baron
La colère des parlementaires ne faiblit pas. Une fois que les sénateurs auront achevé leur enquête, ils vont convoquer les ministres considérés comme impliqués dans l'affaire Bélizaire, du nom du député arrêt : ceux qui ont donné des ordres comme ceux qui ont eu connaissance de l'arrestation programmée du député.
Le Premier ministre, Gary Conille sait que la pérennité de son gouvernement, installé il y a moins d'un mois, n'est pas assurée. Il tient à ce que la vérité soit faite sur cette affaire mais aussi il demande au gouvernement de ne pas se laisser détourner de sa tâche par ce problème, car la population ne peut attendre.
Quatre enquêtes ont déjà été ouvertes sur l'affaire Bélizaire. Les sénateurs doivent rendre leur rapport dès la semaine prochaine car ils souhaitent éviter que ce dossier ne paralyse davantage l'action politique. Le 3 novembre dernier, le président Michel Martelly, de retour des États-Unis après une opération chirurgicale, avait annoncé la création d'une enquête parlementaire après l'arrestation illégale -car sans avoir suivi la procédure de levée de l'immunité- du député par la police.
De retour d'un voyage en France, Arnel Bélizaire avait été accueilli le 27 octobre 2011 par des policiers à son arrivée l'aéroport de Port-au-Prince et emprisonné. Les parlementaires haïtiens avaient aussitôt dénoncé une dérive dictatoriale du président Michel Martelly. Arnel Bélizaire avait eu des échanges houleux avec le président Michel Martelly, quelques jours auparavant. Le député avait été libéré 24h plus tard.
Arnel Bélizaire, qui a déjà été condamné plusieurs fois dans le passé, est toujours sous le coup d'une action judiciaire pour une affaire de meurtre, commis en 2004. Il est entendu aujourd'hui dans le cadre d'une affaire de faux, usage de faux, évasion et association de malfaiteurs. Certains Haïtiens le soupçonnent d'avoir postulé à la députation pour bénéficier de l'immunité qu'octroie la fonction.