Ils s’apprécient, aiment travailler ensemble, se rejoignent sur nombre de sujets, et ils l'ont dit aux Français. Nicolas Sarkozy et Barack Obama se sont exprimés en harmonie, essentiellement sur la crise économique, sur leur entente.
Se référant à l’accord de Bruxelles le 27 octobre, Nicolas Sarkozy a estimé que les dirigeants européens avaient fait « tout ce qui était en leur pouvoir pour que la crise s’arrête et que la confiance revienne. Nous avons travaillé jour et nuit, le président Obama était informé de ce que nous faisions ». De son côté, Barack Obama a confirmé avoir « une confiance totale dans les dirigeants européens, Monsieur Sarkozy et Madame Merkel, pour s’assurer que le projet européen avance ».
Impact mutuel
Une façon de plébisciter le leadership franco-allemand dans la crise européenne, malgré les critiques dont il fait l’objet sur le ton adopté face au Premier ministre grec Georges Papandréou. « On a dit franchement ce qu’on pensait a Monsieur Papandréou. [...] L'Europe, ce sont des droits mais aussi des devoirs », s'est justifié le président français, expliquant et que la Grèce ne pouvait pas demander au contribuable européen de l’aider pour ensuite soumettre cette aide à l’incertitude d’un référendum.
Passé ce soutien au couple franco-allemand, Barack Obama a souligné que « ce qui se passe en Europe impacte les Etats-Unis et inversement », et qu’en conséquence, « pour l’économie européenne, une des choses essentielles que je peux faire c’est de m’assurer qu’il y a de la croissance aux Etats-Unis ». Cette interdépendance justifie donc une collaboration étroite entre l’Europe et les Etats-Unis, qu’incarne le G20, selon un message martelé par Nicolas Sarkozy.
Le « leadership » de Sarkozy
Mais l’interview était aussi l’occasion de souligner l’estime personnelle des deux hommes. Nicolas Sarkozy a salué dans Barack Obama « un homme avec qui on peut parler et qu’on peut convaincre », estimant notamment qu’il était le premier président américain à envisager de taxer les transactions financières, ou alors que l’intervention en Libye n’aurait pas été possible sans discussion avec lui.
La Libye a d’ailleurs été une des occasions pour Obama de saluer en Sarkozy un homme « énergique » dont le « leadership » a permis le succès de l’Otan. « Nicolas a toujours été un partenaire ouvert [...]. Que ce soit sur les questions économiques ou sur des questions liées à la sécurité, il a été un partenaire absolument essentiel », a ajouté le président américain.
Le G20 pour la politique intérieure
Des éloges appuyées qui sont bienvenues pour un président français qui cherche à reconquérir l’opinion. Il fait peu de doutes que cette interview croisée d’un quart d’heure, au beau milieu des journaux télévisés de 20 heures, était également un moyen pour Nicolas Sarkozy de marquer des points en vue de sa réélection, même si le président français n’est toujours pas officiellement candidat.
C’est en tout cas l’avis du Parti socialiste français, qui avait fustigé l’émission quelques heures avant sa diffusion, y voyant « une opération de communication qui utilise le G20 et ses participants pour des objectifs réduits à des enjeux de politique intérieure ». L’audience et les sondages diront si Nicolas Sarkozy a pu reconquérir quelques pans de l’opinion grâce à son entente plus que cordiale affichée avec Barack Obama.