Avec notre correspondante à Bogota, Zoe Beri
« La plus grande menace qui pèse sur notre système politique est la corruption. Elle dépasse toutes les limites pour ces élections », a déclaré le procureur général colombien avant l’ouverture des bureaux de vote. Listes électorales gonflées de morts, financements douteux, scrutateurs tués ou achetés, les scandales n’ont pas cessé durant la campagne.
Dernier en date : dans un département du nord du pays très touché par l’actuelle saison des pluies, 11 tonnes d’aide alimentaire ont été détournées et distribuées dans des meetings. Dans la plupart des villes de province, les électeurs savent qu’ils pourront monnayer pour une vingtaine d’euro leur adhésion à un candidat, au pied de l’isoloir.
Les pressions sont à la hauteur de l’enjeu. Les administrations locales, difficilement contrôlées par le pouvoir central, brassent des milliards d’euros. Comme le résumait un sénateur actuellement emprisonné pour complicité avec la mafia : « une mairie rapporte plus qu’un envoi de cocaïne ». Les candidats véreux comptent sur le boom pétrolier et minier annoncé en Colombie pour multiplier leurs gains.
Les narcotrafiquants et la guérilla marxistes qui se disputent le contrôle du territoire, lorsqu’ils ne sont pas alliés, n’ont pas été en reste. Au total 41 candidats ont été tués durant cette campagne, la plus meurtrière depuis huit ans.