La « fuite » est d’abord venue de l’hebdomadaire allemand Der Freitag. Dans son édition datée du 26 août 2011, le périodique berlinois a révélé avoir eu facilement accès sur internet à un fichier de WikiLeaks contenant la totalité des 251 000 câbles diplomatiques détenus par le site rendu célèbre mondialement en 2010 pour avoir ébranlé le département d’Etat américain en publiant des documents sensibles sur la guerre en Afghanistan et en Irak.
L'anonymat en question
Pour accéder à ces câbles ultraconfidentiels, les journalistes de Der Freitag affirment avoir simplement trouvé par eux-mêmes et sans trop de peine le mot de passe permettant d’accéder au précieux fichier de WikiLeaks. Pris en défaut, WikiLeaks s’est alors empressé de mettre en ligne une grande partie de ces câbles sans prendre le temps, d’après les autorités américaines, d’en expurger l’identité des sources qui ont fourni les informations à caractère confidentiel.
Au 30 août, plus 134 000 documents avaient été rendus accessibles sur WikiLeaks, mettant du même coup en danger quantité d’informateurs jusqu’alors anonymes. La faute paraît impardonnable et grossière mais elle pourrait résulter - si elle était avérée - des dysfonctionnements qui existent depuis plusieurs mois au sein de WikiLeaks, notamment en raison des désaccords entre son patron Julian Assange et l’un de ses anciens associés, l’Allemand Daniel Domscheit-Berg, parti à l’automne 2010.
Selon l’hebdomadaire Der Spiegel, qui fut l’un des partenaires de WikiLeaks en Allemagne, les câbles diplomatiques auraient simplement été mis en ligne par erreur il y a plusieurs mois par des membres de WikiLeaks qui croyaient avoir affaire à des archives déjà publiées. Selon une autre version, guère convaincante, Julian Assange aurait confié le mot de passe à une tierce personne qui l’aurait diffusé sur le net par inadvertance.
Accusations américaines
D’après Le Monde, autre média ayant collaboré avec WikiLeaks, Daniel Domscheit-Berg avait annoncé début août avoir détruit lui-même 3 500 fichiers provenant de WikiLeaks arguant que si Julian Assange les avait récupérés, il aurait pu trahir l’anonymat de leurs sources. Certains des fichiers en question contenaient une liste de personnes à bannir des transports aériens établie par les autorités américaines. Pris de cours, les experts américains tentent actuellement d’évaluer l’ampleur du problème qui pourrait mettre en péril un nombre indéterminé de leurs informateurs.
« Les Etats-Unis condamnent fermement toute divulgation illégale d’informations secrètes », a déclaré Victoria Nuland, porte-parole du département d’Etat. « En plus de mettre en cause nos efforts diplomatiques, cela met en danger la sécurité des personnes, menace notre sécurité nationale et sape nos efforts pour travailler avec des pays à résoudre des problèmes communs ». Reste à savoir si, effectivement, le secret des sources n’a pas été respecté ou s’il s’agit d’une opération visant à discréditer WikiLeaks.