Les Etats-Unis s’attendaient au pire. Malgré son doux nom, Irène, a été classé en fin de semaine dernière en ouragan de catégorie 3 (sur une échelle qui en compte 5). Cette tempête, née d’une perturbation dans l’océan Atlantique, devait être la plus importante depuis Katrina. En 2005, cet ouragan avait ravagé la Nouvelle-Orléans en tuant plus d’un millier de personnes. A l’époque, les autorités avaient été accusées d’impréparation et d’incompétence. George W. Bush, le président en poste au moment de la catastrophe, avait tardé à réagir et avait été critiqué pour sa gestion de la crise. Le directeur de l’Agence fédérale des situations d'urgence (Fema) avait été remercié.
Six ans plus tard, quasiment jour pour jour, cette nouvelle menace avait été prise beaucoup plus au sérieux. Le président des Etats-Unis a écourté ses vacances. Barack Obama a même qualifié, vendredi 26 août, cette tempête « d’historique ». De son côté, le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, a imploré les habitants et les touristes à « surtout ne pas se rendre sur les plages ». Avant d’affirmer que « la menace est très sérieuse ». New York avait été mis en alerte. Les principaux aéroports de la ville avaient été fermés et les transports publics arrêtés pour 24 heures. Les télévisions américaines et les radios montraient en boucle la trajectoire de l’ouragan, suscitant l’inquiétude auprès des populations dont près de deux millions avaient été évacuées de leur lieu de résidence.
Des « milliards de dollars » de dégâts
Mais à son arrivée sur les côtes américaines, l’ouragan a été rétrogradé en catégorie 1 à l’approche de la Caroline du Nord, samedi 27 août. Les vents ont quand même soufflé à plus de 100 km/h. Dix-huit personnes ont été tuées dans des chutes d’arbres ou des accidents liés au passage de cette dépression en Caroline du Nord, en Pennsylvanie, en Virginie, dans le Maryland et dans le New Jersey. Dans cet Etat, 650 000 habitants étaient ce lundi toujours privés d’électricité, 350 routes avaient été fermées et certaines zones inondées.
Chris Christie, le gouverneur du New Jersey, affirmait, dimanche, que les dégâts du passage d’Irène dans son Etat se chiffrent en « milliards de dollars, voire en dizaines de milliards de dollars ». Un chiffre peut-être un peu exagéré. Selon certains assureurs, la fourchette se situerait plutôt entre « cinq à sept milliards de dollars dont 1,5 à 3 milliards couverts par les assurances », déclarait au Los Angeles Times Jose Miranda, directeur d’une société spécialisée dans la gestion des risques de catastrophes. Le président Barack Obama a précisé qu'il faudrait « des semaines pour se remettre de cette tempête». Il a salué la mobilisation « exemplaire » pour en limiter les effets. Les leçons de Katrina semblent avoir été retenues.
Plus de peur que de mal
Mais si les dommages sont beaucoup moins importants que prévu, c’est aussi parce qu’Irène s’est considérablement affaiblie. Au moment de son passage sur New York, l’ouragan a été reclassé en tempête tropicale. La ville de 8 millions d’habitants a souffert de quelques inondations de caves, d’arbres abattus et de feuilles arrachées. Mais rien de très impressionnant, constataient les témoins joints hier par RFI. Daniel, un Américain qui habite dans le quartier de Brooklyn à New York, a suivi certains conseils donnés par les médias américains : « Je pense que les télés et les radios ont exagéré l’ampleur de la tempête. Moi j’avais acheté des provisions pour plusieurs jours ». Mais rapidement la vie à repris. Anaïs, une Française installée dans le Queen’s, confirmait que les commerces étaient fermés dimanche mais « le sentiment qui domine chez les New-Yorkais, c’est l’apaisement ».
« Aucun mort, ni blessé n’est a déploré », s’est réjouit Michael Bloomberg, le maire de la ville même si des foyers sont toujours privés d’électricité. Cette hyper-réaction interroge. Une crainte relayée par David Brooks, éditorialiste du New York Times : « Depuis Katrina, on maximalise les avertissements. Mais si chaque fois on hypertrophie, les gens n’écouteront plus ». Le risque, en effet, existe. Les Américains seront-ils aussi prévoyants lors de la prochaine alerte ? Respecteront-ils aussi bien les consignes des autorités ? Ces questions se posent.