C’est lors d’une mission visant à capturer des insurgés talibans que le crash a eu lieu. Les forces américaines, aidées des forces afghanes, devaient intervenir dans un complexe où se tenait une réunion de chefs talibans. L’hélicoptère Chinook transportant plus de 30 personnes à son bord devait apporter son soutien à l’équipe au sol.
Mais selon une source proche du gouvernement afghan, les informations communiquées à l’armée étaient en partie erronées. D’une part, les forces au sol qui pensaient n’avoir à faire qu’à une poignée de talibans se sont retrouvées sous le feu nourri d’une trentaine d’insurgés. Et d’autre part, des insurgés positionnés autour du complexe attendaient l’arrivée de l’hélicoptère pour l’abattre.
Les forces américaines sont « tombées dans un piège tendu par le chef Qari Tahir, explique à l’AFP une source gouvernementale sous couvert d’anonymat. Il savait quel itinéraire suivraient les hélicoptères et a pris position avec ses hommes de chaque côté de la vallée ». En arrivant, l’appareil aurait essuyé des tirs de roquettes et d’armes modernes antiaériennes.
« C’est la première fois que les talibans organisent une telle opération », explique le correspondant de RFI à Kaboul, Eric de Lavarène. Depuis le début de l’année, ce sont 20 hélicoptères qui ont été endommagés par des tirs ennemis ou à cause de défaillances techniques. Les talibans auraient reçu le concours de combattants venus du Pakistan, armés de nouveaux types de lance-roquettes, plus petits et surtout plus précis.
La « Team 6 » en difficulté
Cette attaque, le plus meurtrière pour les forces de l’Otan dans le pays depuis 2001, est un coup dur pour l’armée américaine et surtout pour l’unité d’élite Seals. Selon plusieurs sources, 20 des soldats tués durant cette embuscade faisaient partie de la « Team 6 », considérée comme l’élite de l’élite.
Les Seals (Sea, Air, Land ; mer, air, terre) sont les forces spéciales les plus performantes de l’armée américaine. Et parmi elles, un groupe d’à peine 300 hommes en est le fleuron. C'est cette « Team 6 » qui aurait notamment mené le raid conduisant à la mort de ben Laden en mai dernier.
Les missions de cette force spéciale sont considérées comme particulièrement sensibles, à tel point que souvent sa présence sur place n’est jamais confirmée par les autorités. Des éléments qui laissent penser que l’opération de samedi dernier visait une cible clé, l’armée américaine ayant choisi de déployer ses meilleurs éléments.
La perte des 20 soldats sera délicate à pallier pour les Seals. Il faut au minimum cinq années pour former un membre de ces forces spéciales et avec le retrait progressif des forces étrangères du pays, elles devraient être fortement mises à contribution afin de mener des actions rapides et ciblées contre des membres de l’insurrection talibane.