Etats-Unis : accord du Sénat pour le relèvement du plafond de la dette

Après la Chambre des représentants, le Sénat américain a adopté ce mardi 2 août l'accord sur le relèvement du plafond de la dette des Etats-Unis. Le texte a été voté  par 74 voix contre 26. Il sera maintenant soumis à la signature du président Barack Obama. Toutefois, la prudence reste de mise du côté des agences de notation et des investisseurs, les Etats-Unis demeurent une économie endettée.

Le compromis trouvé entre démocrates et républicains va donc éviter aux Etats-Unis de se retrouver en situation de défaut de paiement. Le plafond de la dette était jusqu’alors de 14 300 milliards de dollars. Il y avait urgence à le relever.

L’accord présenté par Barack Obama prévoit un relèvement du plafond de la dette de 2 100 milliards de dollars, en contrepartie de coupes budgétaires. Les réductions de dépenses se feront en deux étapes. La première va porter sur des économies de 1 000 milliards de dollars sur dix ans, notamment 300 milliards dans la défense. De nouvelles coupes à hauteur de 1 500 milliards, toujours sur dix ans, restent encore à définir. Républicains et démocrates ont jusqu'à fin novembre 2011 pour décider quels secteurs seront touchés.

La menace de perdre la note triple A

Mais cet accord a minima pourrait être jugé insuffisant par les agences de notation si l’on en croit l’économiste Jacques Mistral, membre du Conseil d’analyse économique : « La suspicion des marchés et des agences de notation a des chances de subsister. Le triple A des Etats-Unis va rester sous surveillance, car les réductions de déficit proposées ne dépassent pas 2 100 milliards de dollars, dont 1 500 milliards de dollars qui restent à définir d’ici décembre prochain. Ce qui va soulever bien des querelles entre démocrates et républicains. Cette difficulté pourrait aboutir à une dégradation de la notation de la dette souveraine des USA ». La semaine dernière, Standard & Poor’s avait ainsi estimé que faute d’un plan d’assainissement de 4 000 milliards de dollars, les Etats-Unis ne pourraient pas continuer à bénéficier de la note triple A.

Les bons du Trésor, une valeur refuge

Une perte du triple A serait synonyme de « hausse d’impôts pour tous par l’intermédiaire d’un hausse des taux sur les emprunts hypothécaires, sur les cartes de crédit ou sur les prêts étudiants », a indiqué Barack Obama. Rappelons-le, l’endettement des ménages américains atteint aujourd’hui 110% de leur revenu annuel. Quant à l’activité économique, elle n’a pas retrouvé son niveau d’avant crise après deux ans de redémarrage. Le PIB n'a, en effet, progressé que de 1,3% au deuxième trimestre 2011 et le taux de chômage reste très élevé à 9,2%.

Et pourtant, les investisseurs internationaux n’ont jamais prêté aussi bon marché au Trésor américain depuis le début de l’année. Les Etats-Unis restent encore une valeur refuge comme l’explique Inna Mufteeva, économiste spécialiste des Etats-Unis chez la banque française Natixis : « Le comportement des investisseurs par rapport aux titres du Trésor américain n’a pas changé, car il n’y a pas beaucoup d’alternatives. La dette allemande est, certes, de très bonne qualité, mais elle est devenue moins attractive aux yeux des investisseurs en raison de la mutualisation des risques au niveau de la zone euro. La dette du Royaume-Uni est également de bonne qualité mais il y a des fortes craintes sur la croissance britannique en raison des mesures d’austérité drastiques ».

La Chine est aujourd’hui le premier créancier étranger des Etats-Unis avec quelque 1 660 milliards de dollars accumulés, selon les derniers chiffres publiés par les Etats-Unis en mai. Viennent ensuite le Japon et dans une moindre mesure la Grande-Bretagne.

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