En Haïti, les relations entre Michel Martelly et les médias se crispent

Le président haïtien, au pouvoir depuis deux mois, a demandé aux journalistes de ne pas montrer le pays sous un angle négatif. Ceux-ci lui répondent qu’ils ne sont pas là pour faire la communication d’Haïti. Une situation qui tend les relations, jusqu’ici plutôt bonnes, entre le pouvoir et les médias.

Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron

A plusieurs reprises Michel Martelly a demandé aux journalistes de faire évoluer l’image d’Haïti, ce à quoi les journalistes ont toujours répondu, calmement, que leur rôle est d’informer, pas de faire de la publicité. Mais qu’aujourd’hui le président demande le silence à ceux qui n’ont que des choses négatives à dire, et c’est toute la profession qui s’insurge.

Jacques Desrosier, le secrétaire général de l’association des journalistes haïtiens, rapporte avoir dit au président que « ce ne sont pas les journalistes qui disent des mauvaises choses d’Haïti, ce sont les acteurs qui projettent des mauvais signaux, des signaux négatifs d’Haïti. Et les journalistes ne font que rapporter les actions des acteurs. Et là encore, le président a lancé un mauvais signal sur Haïti, celui d’un pays où la liberté d’expression, la liberté de presse, la liberté d’opinion est menacée. Il n’y a pas lieu de parler de prédateur de la presse, mais ce sont des déclarations qui inquiètent, et les journalistes doivent être vigilants ».

Les journalistes veillent au moindre écart de langage du président de la République. Deux mois après son arrivée au pouvoir, Michel Martelly bénéficie encore d’une bonne presse. Ses relations avec les médias pourraient se crisper davantage quand les premiers bilans de son action seront dressés dans les journaux et sur les ondes. 

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