Le Venezuela célèbre le bicentenaire de son indépendance dans un climat de passion chaviste

Rentré la veille de Cuba où il a été opéré d'une tumeur cancéreuse, Hugo Chavez n'a pas pris part aux festivités du bicentenaire de l'indépendance du Venezuela, mardi 5 juillet, à Caracas, afin de préserver sa santé. C'est par un message radiodiffusé que le président vénézuélien s'est adressé à ses concitoyens.

Avec notre correspondant à Caracas, François-Xavier Freland

Cela fait plus d'un an que le Venezuela préparait ce grand moment du bicentenaire, une fierté nationale. L'acte d'indépendance du Venezuela a été signé le 5 juillet 1811 à Caracas même. Cette année, pour célébrer cette date, la capitale vénézuélienne a connu des travaux importants. On a restauré son vieux centre, on a rendu plus humaines et sécurisées les rues piétonnières. Jusqu'à hier, les ouvriers aux chemises rouges peignaient jour et nuit les balustrades de l'autoroute centrale, les ponts, les tunnels. Bref, Caracas, avec un peu de peinture, se devait de retrouver un peu d'éclat.

Un an que les autorités attendaient cela et puis, soudainement, tout s'écroule. Le leader Chavez comparé à Simon Bolivar, ce héros de l'indépendance, dans sa bataille pour la dignité humaine et la liberté, tombe malade et rate le grand événement. Il a fait un discours radiodiffusé depuis son palais présidentiel, loin des gradins de la cérémonie. Un président cruellement absent mais évidement très présent dans les esprits.

Célébration de la révolution chaviste

Dans ce pays qui vit au rythme de Chavez, pendant ses trois semaines d’absence, tout semblait tourner au ralenti. Et quand le Comandante réapparaît, c'est à nouveau la passion, la foule, l'énergie débordante. Alors, ce bicentenaire de l'indépendance qui devait être un moment de retrouvailles, d'unité nationale, s'est transformé en une célébration de la révolution chaviste.

Une opposante visée par des jets de pierre

Hier, durant son allocution par téléphone, le président a eu, comme à son habitude, des mots durs à l'endroit de ses ennemis de toujours, l'opposition, l'Amérique. Un discours toujours très partisan et radical qui a des effets immédiats. Et pour l'anecdote, il y avait dans les gradins la députée d'opposition Maria Corina Machado, possible candidate à la présidentielle. Elle était la seule de son camp à s'être déplacée au défilé du bicentenaire.

A la fin de la cérémonie, alors qu'elle rentrait chez elle, elle a été violemment prise à partie par un groupe d'ultra-chavistes qui lui ont lancé des pierres et des bouteilles. Elle n'a pas été blessée grâce à certains militaires qui l'ont protégée, mais cela donne une idée du climat passionnel, parfois malsain, qui règne au Venezuela et qui fait craindre le pire à mesure que l'échéance des présidentielles de 2012 se rapproche.

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