Barack Obama plongé dans la bataille de la dette américaine

Le président américain reçoit, lundi 27 juin 2011, les chefs de file démocrate et républicain du Sénat. Au cœur des discussions : les négociations pour relever le plafond de la dette. Une dette qui a augmenté de 220% en huit ans.

Il y a dix jours, Barack Obama rencontrait John Boehner, le président républicain de la Chambre des représentants, pour une partie de golf. Par cette invitation, le président des Etats-Unis voulait détendre un peu l’atmosphère entre son administration et ses adversaires républicains, majoritaires dans l’une des deux chambres. Même si le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, avait affirmé que ce n’était pas sur le green que « les négociations budgétaires vont se conclure », le symbole était là.

Beaucoup plus terre à terre, la dette américaine est devenue un nouveau terrain d’affrontement. Elle a en effet été multipliée par plus de trois depuis 2003. Très concrètement, si aucun accord n’est trouvé avant le 2 août, les Etats-Unis d’Amérique, première puissance mondiale, seront en cessation de paiement. Le département du Trésor (l’équivalent du ministère de l’Economie) ne pourra alors plus régler les factures de l’Etat fédéral.

Plusieurs voyants dans le rouge

Le 16 mai dernier, la dette américaine atteignait 14 294 milliards de dollars. Un chiffre vertigineux mais qui avait fait l’objet d’un accord en 2009 entre le gouvernement américain et le Congrès. Cela devait être le plafond à ne pas dépasser. L’administration Obama doit donc rapidement renégocier le seuil maximum. Une situation qui n’est pas extraordinaire : ce plafond est régulièrement réévalué à la hausse. Depuis quinze ans, ce montant a été fixé une dizaine de fois sans grande difficulté.

Mais cette année, Barack Obama doit faire face à plusieurs obstacles. Le président américain a perdu la majorité à la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat, l’an dernier. Il lui faut donc donner des gages à ses adversaires républicains. Or, la stratégie du chef de l’Etat est simple : il souhaite compenser cette hausse de la dette par une augmentation des impôts. Ce à quoi le leader républicain au Sénat, Mitch McConnell, a répondu ce week-end : « Nous avons un problème de dépenses. Nous n’avons pas un problème parce que nos impôts sont trop faibles. » Avant d’ajouter : « Nous devons arrêter d’emprunter, arrêter de dépenser, et nous remettre sur la bonne trajectoire. » Les positions des uns et des autres se font donc face.

Mais si la maison n’est pas encore en feu, cela sent le brûlé. L’agence de notation Fitch a lancé une première alerte : « Si nous arrivons au 2 août sans une hausse du plafond d’endettement, Fitch placera sous surveillance négative la note souveraine des Etats-Unis. » Une inquiétude relayée par le président de la Réserve fédérale des Etats-Unis (FED) : « Même une brève interruption des paiements sur le principal ou les intérêts de la dette du Trésor pourrait provoquer de graves perturbations sur les marchés financiers et les systèmes de paiement », a lancé Ben Bernanke il y a quelques jours.

2012 en vue pour chaque camp

Preuve de ces divergences, la semaine dernière, Eric Cantor, chef de la majorité républicaine à la Chambre des représentants, s’est retiré des négociations. Un départ qu’à relativisé la Maison Blanche : « Un compromis sera trouvé », a promis le porte-parole du bureau présidentiel.

Parmi les pistes désormais évoquées par les démocrates : la suppression de niches fiscales dans une multitude de secteurs allant du pétrole au gaz en passant par les jets d’affaires. Une solution qui ne semble pas satisfaire les républicains. Mitch McConnell, que Barack Obama doit rencontrer, laisse cependant une porte ouverte à la négociation : « L’une des raisons de la réunion est que les démocrates et les républicains aimeraient s’entendre et finir cette négociation, et la finir sans tarder. Il n’est pas forcément nécessaire d’attendre la toute dernière minute. »

Mais derrière ces empoignades, les commentateurs voient tous l’élection présidentielle de l’an prochain. Barack Obama doit renégocier un nouveau plafond de manière subtile : il devra être suffisamment élevé pour ne pas avoir à y revenir trop rapidement, mais pas être trop large afin de préserver la crédibilité du gouvernement. De leur côté, les candidats à la primaire républicaine s’en donnent à cœur joie : taper sur la dette et ceux qui en sont responsables, Barack Obama et son parti. Le chef de l’Etat, qui devrait briguer un second mandat en novembre de l’an prochain, joue donc gros. Le dossier de la dette ne se refermera pas de sitôt.

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