Dominique Strauss-Kahn devrait plaider non coupable

Dominique Strauss-Kahn doit annoncer au juge ce lundi 6 juin 2011 s'il plaide coupable ou non coupable des charges qui sont retenues contre lui. L’audience devrait être très formelle et plutôt rapide.

L'affaire Dominique Strauss-Kahn a éclaté le samedi 14 mai 2011, quand celui qui était alors directeur général du FMI (Fonds monétaire international) a été arrêté à l'aéroport de New York. Une femme de chambre de l'hôtel Sofitel où il avait séjourné l'accuse de tentative de viol, une agression sexuelle qui aurait eu lieu le matin même dans la suite occupée par DSK.

Dominique Strauss-Kahn comparaît ce lundi 6 juin 2011 devant le juge new-yorkais en charge de l'affaire. Ce dernier va lire les sept chefs d'accusation qui pèsent sur lui, parmi lesquels : tentative de viol, agression sexuelle et séquestration.

L’ancien ministre socialiste va devoir dire, à chaque fois, s'il plaide coupable ou non coupable. Les deux hypothèses sont possibles. Il pourrait même reconnaître une partie seulement des faits qui lui sont reprochés. Il éviterait à ce moment là un procès.

Mais tout semble indiquer que DSK va plaider non coupable. Ses avocats le disent innocent. L'un d'eux, Benjamin Brafman, répétait encore hier que son client serait acquitté. Kenneth Brenn est un ancien procureur new-yorkais. Il ne voit pas comment et pourquoi la défense de DSK déciderait maintenant de changer de stratégie en plaidant coupable.

Tenter de décrédibiliser la plaignante

« La défense va plaider non coupable de toutes les charges. Je ne vois pas comment il pourrait en être autrement. Je n'ai jamais vu d'énormes retournements de situation à ce stade dans le système judiciaire américain. Il n'y a pas eu de négociation pour l'instant. Mais cela ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas. Si Dominique Strauss-Kahn plaide non coupable, rien ne l'empêche ensuite d'entamer des négociations avec la partie adverse. A ce moment là, il pourrait négocier une réduction des charges pour alléger sa peine de prison. Pour le moment, nous n'avons aucune indication qui n'aille dans ce sens. On se dirige donc tout droit vers un procès. »

En attendant l’ouverture d’un éventuel procès, les deux parties vont enquêter. L'accusation, pour tenter de montrer que les comportements de DSK avec les femmes n'ont pas toujours été irréprochables par le passé. La défense, au contraire, va monter un dossier en deux parties. Christopher Mesnooh, avocat américain au barreau de New York, explique cette stratégie de défense :

« Une partie va être de le rendre plus crédible en tant que témoin. C’est-à-dire un bon père de famille qui est certes un coureur de jupons mais qui n’a nullement et jamais été un homme violent. Ses avocats vont essayer par tous les moyens de rendre Dominique Strauss-Kahn plus sympathique sur le plan humain. Et en même temps et surtout, ils vont chercher à décrédibiliser la plaignante en fouillant dans son passé. Ils ont déjà envoyé des enquêteurs en Afrique, en Guinée, pour enquêter sur son passé. Donc, ils vont continuer à faire des recherches sur elle pour voir exactement ses points faibles, ses failles pour la décrédibiliser en tant que victime et en tant que témoin pendant le procès. »

Convaincre l'ensemble des douze jurés

Les avocats de l'ancien chef du FMI ne vont pas se priver d'utiliser toute les « armes » autorisées par le droit américain. Le procureur qui défend l'accusatrice utilisera lui aussi toutes les armes en sa possession. Si on va jusqu'au procès, il faudra convaincre l'ensemble des douze jurés. La justice américaine est très précise sur ce point : si un seul des jurés a un doute sur la culpabilité du prévenu, la charge n'est pas retenue. D'autant que dans une affaire de ce genre, il ne semble pas y avoir de témoin, comme l'explique Stéphane Drai, avocat au barreau de New York :

« Il y a parole contre parole. Il y a un dossier qui vient d’être établi dans l’Etat de New York où deux policiers étaient accusés de viol. Ils ont été entièrement relaxés. C’est donc au procureur d’essayer d’établir des charges et des preuves suffisamment importantes et irréfutables pour convaincre les jurés de condamner Dominique Strauss-Kahn. Ce n’est jamais chose facile lorsqu’il y a uniquement un témoignage de la plaignante qui pourra être réfuté par Dominique Strauss-Kahn. »

Les audiences du procès pourraient débuter à l'automne. Dominique Strauss-Kahn risque jusqu'à 74 années de prison. D'ici l'ouverture d'un procès, DSK reste en liberté surveillée dans sa maison de Manhattan.

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