Avec notre envoyé spécial à Lima, Eric Samson
La tendance de tous les sondages effectués à la sortie des urnes est claire. Les quelque 20 millions d´électeurs péruviens ont désavoué l´élite politique et économique qui dirige le Pérou depuis la chute de l´ex-président Fujimori, il y a onze ans.
Ollanta Humala, lieutenant-colonel de 48 ans à la retraite, a beau avoir modéré son discours, il a beau affirmé qu´il respectera les libertés individuelles, il traîne toujours une odeur de soufre d´autant que les médias ne l'épargnent pas. C´est probablement celui qui va le plus loin dans la remise en cause d´un modèle économique libéral qui n'améliore que trop lentement le sort des 34% de Péruviens qui vivent toujours dans la pauvreté et l'indigence.
Diplômée en administration d´entreprise à Boston, âgée de 37 ans, Keiko Fujimori, elle, marque le retour d´un «fujimorisme» très discret depuis la fuite de l'ancien président, la découverte de sa nationalité japonaise et sa récente condamnation à 25 ans de prison pour violation aux droits de l´homme. Elle promet de maintenir les réformes économiques lancées par son père qu'elle a secondé comme Première dame alors qu´elle n'avait que 19 ans. Il lui faut maintenant surmonter la méfiance de tous ceux qui n´ont pas oublié l'autoritarisme et la corruption des dernières années du régime de l'ex-président Alberto Fujimori.
Selon un décompte officiel établi lundi 11 avril au matin, le candidat de gauche Ollanta Humala est en tête avec 28,8% des voix sur 68,7% des bulletins dépouillés. Keiko Fujimori arrive en deuxième position avec 22,6% des voix. A ce stade du dépouillement, elle devance l'ancien ministre Pedro Pablo Kuczynski (21,6%).