Haïti : le début d’une longue attente avant les résultats de la présidentielle

Haïti a connu, dimanche 20 mars 2011, une journée de vote calme : aucun incident majeur ni fraude massive n'a entaché ce second tour historique de l'élection présidentielle. Les observateurs internationaux se disent satisfaits de l'amélioration de l'organisation, après le fiasco du premier tour en novembre, et appellent les deux candidats Mirlande Manigat et Michel Martelly et leurs partisans à attendre l'annonce officielle des résultats.

Avec notre envoyée spéciale à Port-au-Prince,

On pourrait se dire qu'étant donné que les Haïtiens ont attendu plus d’un an pour voir cette élection présidentielle et qu’ils ont attendu deux mois le résultat du premier tour, ils peuvent donc bien attendre dix jours le résultat du second pour connaitre le nom de leur futur président ou présidente.

Mais c’est précisément parce qu’ils ont l’expérience du premier tour qu’ils ne veulent pas de nouvelle tentative pour leur voler leur suffrage. C’est sous la pression de la rue et de la communauté internationale que Michel Martelly avait été finalement repêché pour la course finale.

Et c’est aussi précisément en raison de cette expérience du premier tour que le Conseil électoral et les observateurs de l’OEA ont rappelé tout le monde à l’ordre : pas d’estimations avant les résultats officiels le 31 mars. « La loi est la même pour tout le monde, précise Colin Granderson, le chef de la mission d’observation, pas seulement pour les candidats mais aussi pour les médias ».

Le Conseil électoral a même menacé de poursuites les journalistes qui s’aventureraient à donner des tendances. Et donc, dans la bouche des journalistes, l’exercice devient acrobatique. « Il y a un changement d’attitude ou de personnalité qui se fait dans le pays, précise Pierre Luxana de l’Associated Press. Oui j’ai vu une tendance, je le sens mais par professionnalisme, je ne veux pas m’exprimer ».

Sauf que ni la loi électorale, ni le code de bonne conduite que les deux candidats ont signé, n’interdit de publier des estimations ou des tendances. Mais chacun sait ici que dans le contexte actuel, toute estimation deviendra dans l’esprit de la majorité des Haïtiens un résultat officiel.

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