Avec notre correspondante à Moscou, Anastasia Becchio
Dans cette affaire libyenne, la Russie joue le rôle de l’observateur éclairé, estime le quotidien Kommersant. En s’abstenant de voter la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, Moscou n’a fâché personne, et occupe aujourd’hui une position avantageuse.
Les liens avec l’Ouest en sortent renforcés et dans le même temps, la Russie ne met pas une croix sur ses affaires en Libye et notamment sur les contrats de plusieurs milliards de dollars que Gazprom, ou RzhD, les chemins de fer russes y ont déjà conclu.
La Russie ne perd pas la face, estime pour sa part le quotidien Vedomosti : « pendant que la coalition fait sa guerre, la Russie, elle, va s'émouvoir du sort des civils ».
Dès ce week-end, la Russie ne s'est d'ailleurs pas privée de critiquer les raids aériens menés par les forces étrangères en Libye. « Il est inadmissible d'utiliser le mandat du Conseil de sécurité pour mener à bien des objectifs qui vont clairement au-delà de ses dispositions », a prévenu hier, le ministère des Affaires étrangères, qui a repris à son compte le bilan fourni par la télévision officielle libyenne faisant état de 48 civils tués dans les bombardements.
Dans le droit fil de ces déclarations, des médias russes, qui observaient jusque là une certaine neutralité, n’hésitent pas désormais à critiquer les opérations menées en Libye. Le quotidien MK a choisi ce titre ironique : « Vous avez du pétrole, donc vous n’avez pas la démocratie. C’est pourquoi nous volons vers vous ».